De la verse causée par la chrysomèle?

Pour avoir une réponse fiable, il faut réaliser un dépistage des larves au printemps… et le combiner à un test de compaction

Publié: 17 septembre 2020

Un système racinaire bien développé. L’objectif, c’est d’obtenir une masse racinaire d’une bonne circonférence, présentant au centre un dégagement de la grosseur d’un poing. Cette répartition des racines permet au plant de maïs d’exploiter toute la fertilité du profil de sol. De plus, elle isole le plant des excès de chaleur ou de sécheresse.

Plusieurs producteurs de maïs rapportent la présence de plants en col d’oie ou versés. En marchant leurs champs ces derniers jours, ils ont aussi observé une abondance de chrysomèles. Un plus un égale deux! Il est tentant de voir dans cet insecte le responsable du problème.

«Prudence!», lance l’agronome Gilles Corno, des Semences Pride. Celui-ci tient à rappeler que la seule façon de vérifier si la chrysomèle cause des dégâts dans un champ, c’est en effectuant un dépistage au moment où le maïs atteint le stade quatre feuilles. Dépistage qui repose sur le comptage des larves sur le plant. En bref, la technique consiste à prélever le système racinaire complet d’un plant au stade quatre feuilles avec sa motte de terre et à les plonger dans l’eau. Les larves remonteront à la surface, ce qui permettra d’en faire le décompte. L’opération doit évidemment être répétée à plusieurs endroits dans le champ.

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Le fait est, prévient l’agronome, que la présence de chrysomèles en septembre n’implique pas nécessairement que des larves ont attaqué les racines. «Les chrysomèles qu’on observe actuellement sont des adultes et non des larves, souligne-t-il. Ces adultes peuvent s’être développés dans le champ même, mais ils peuvent tout aussi bien provenir d’un autre champ.»

Gilles Corno tient aussi à rappeler que col d’oie et verse peuvent avoir une autre cause : la compaction. «Les conditions de culture depuis deux ans devraient nous rendre méfiants à cet égard, estime-t-il. En 2019, on a semé dans des conditions humides propices à la formation d’une zone de compaction dans les premiers pouces de sol. Et comme l’automne s’est avéré tout aussi humide, plusieurs producteurs n’ont pas pu effectuer le travail de sol qui aurait éliminé cette zone.»

«Le printemps dernier, poursuit-il, plusieurs se sont limités à un travail de sol très superficiel et certains n’en ont même pas réalisé, préférant s’essayer en semis direct. Dans ces circonstances, il me semble légitime d’avoir des doutes sur la cause d’un problème de col d’oie et de verse.»

L’agronome souligne aussi que la compaction peut accentuer les dégâts causés par la chrysomèle. «Quand il y a une couche superficielle de compaction, explique-t-il, les insectes restent dans la zone racinaire beaucoup plus longtemps qu’ils ne le devraient.»

«Pour savoir à quoi s’en tenir à l’égard d’un problème de col d’oie et de verse, conclut Gilles Corno, il n’y a pas d’autre moyen qu’en réalisant un dépistage des larves au printemps et en vérifiant s’il y a de la compaction.»

À PROPOS DE L'AUTEUR

André Piette

André Piette

Journaliste

André Piette est un journaliste indépendant spécialisé en agriculture et en agroalimentaire.