Les projets agroenvironnementaux se diversifient et ont la côte auprès des producteurs. Un des plus récents exemples est une initiative de la Fédération de l’UPA de la Montérégie qui a annoncé récemment le lancement de deux projets. Le premier vise à favoriser les oiseaux champêtres, tandis que l’autre veut favoriser les pollinisateurs par des bandes fleuries.
La particularité du programme sur les oiseaux champêtres est qu’il a pour objectif de freiner l’important déclin de ces oiseaux au Québec en raison de la perte de leur habitat. Joint au téléphone, Julien Pagé, prédisent de l’UPA Montérégie explique que si le nombre de champs dédiés aux prairies a décliné, c’est aussi le cas des terres agricoles, surtout en Montérégie. « Les cultures plus rentables ont été favorisées par les producteurs, mais plusieurs terres ont été prises pour faire du développement domiciliaire », ajoute-t-il.
Depuis 2020, l’UPA Montérégie collabore avec l’organisme ALUS. Le syndicat a également été approché par Oiseau Québec. Des échanges qui ont eu lieu sont nées plusieurs initiatives, aboutissant au projet actuel : Fauche retardée en faveur des oiseaux champêtres, dédiés principalement aux goglus des prés et aux sturnelles des prés. Il est financé par le Plan d’action régional du Plan d’agriculture durable (PAD) 2020-2030 et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) dans le cadre du programme Prime-Vert. Le gouvernement fédéral contribue également.
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Les techniques comprennent l’effarouchement des oiseaux par une barre transversale munie de chainettes, la réduction de la vitesse et la manière de faucher. Un espace dans la prairie d’un hectare est aussi conservé pour la nidification des oiseaux jusqu’à ce que les oisillons soient assez âgés pour voler de leurs propres ailes. L’hectare peut se situer en bordure, au centre, ou encore le long d’un fossé. L’important est de conserver cet espace intact jusqu’au 15 juillet. Le foin récolté peut être administré aux vaches taries, taures ou veaux.

« Ce sont des pratiques qui étaient déjà connues, mais qui ont été testées en clinique », explique Julien Pagé. Il est important, rappelle-t-il, que les techniques soient vérifiées et documentées. Des spécialistes, dont des biologistes et des ornithologues, collaborent d’ailleurs au projet. La président de l’UPA indique par exemple que les oiseaux champêtres reviennent nicher aux mêmes endroits, de même que leurs couvées, à l’image des hirondelles rustiques.
Les producteurs qui adhèrent au projet reçoivent une compensation pour acheter le foin de la qualité nécessaire pour alimenter le troupeau. Ils sont également accompagnés par l’UPA et des experts. L’accompagnement peut également se faire avec le club-conseil du producteur.
Les premiers essais sur le terrain ont dépassé les attentes. Lors d’une journée de démonstration, le producteur hôte, situé à Vaudreuil-Soulanges, a indiqué avoir vu une nette différence après seulement un an. Les oiseaux sont plus nombreux, dont les espèces visées, mais aussi les hirondelles rustiques. Puisque les prairies fleurissent, elles attirent également les pollinisateurs et un nombre impressionnant d’insectes. « En voulant favoriser l’habitat d’un oiseau, on s’est rendu compte qu’on améliorait l’ensemble de la biodiversité », résume Julien Plante.
Le programme compte déjà une liste d’attente, mais l’UPA accepte les demandes dès que de l’argent est disponible.
À terme, Julien Pagé souhaiterait que les municipalités soutiennent davantage ces efforts qui bénéficient à l’ensemble de la collectivité. « Les agriculteurs sont soucieux de leur environnement et ce type de programme le montre. Ils sont de plus en plus nombreux à participer à ce genre d’initiative. »