Prairies : traces de tracteur, déchaussement, ravageurs et mortalité

Publié: 26 avril 2024

Traces de tracteur le 16 avril 2024. Photo prise par Brigitte Lapierre, agr., DLF.

Le 8 mars dernier, plusieurs régions du Québec n’étaient plus sous couvert de neige. Par exemple, en Estrie à cette date, un beau soleil avec une température de 14 oC se pointait, ça sentait déjà le printemps! Et puis deux jours après, la couverture blanche est revenue et on a pu ressortir les motoneiges qui n’ont d’ailleurs pas servi beaucoup cet hiver! 

Combien de fois avons-nous connu ce genre d’écart de température au courant de l’hiver 2024?  Je gagerais pour au moins quatre épisodes… Et ça continue ce printemps avec de belles températures proches de 20oC (dans Lanaudière et en Montérégie), mais aussi avec des périodes pluvieuses, venteuses et des nuits sous zéro Celcius!

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Je décide de commencer ma tournée des prairies au début d’avril, car il faut bien aller voir ce qui se passe.

Premier constat

Vous rappelez-vous des conditions dans lesquelles les coupes de foin de l’été dernier ont été réalisées?  Et bien, je peux vous certifier que les traces de tracteurs encore présentes et courantes dans notre paysage campagnard nous le refont penser!

Que ces traces se retrouvent dans une implantation 2024 ou dans une prairie de quatre ans, elles ne pardonnent pas : tout est mort en-dessous de ces traces, eau froide restée trop longtemps, compaction du sol et asphyxie des espèces fourragères ce printemps. 

Deuxième constat

Collet expulsé de l’argile. Photo: Brigitte Lapierre, agr., DLF

Plusieurs sols argileux n’ont pas aimé les périodes de gel\dégel. Le sol s’est gonflé d’eau et puis s’est ressuyé. Ayant comme résultat une exposition du collet de la luzerne à la surface du sol.   Ce déchaussement accompagné de plusieurs épisodes de pluie froide ont fait pourrir la racine pivotante de la luzerne. 

Racine qui s’arrache facilement. Photo: Brigitte Lapierre, agr., DLF

Il est facile de reconnaître les plants morts déchaussés en se promenant dans ces champs plutôt argileux. Ce phénomène est d’ailleurs très d’actualité cette semaine avec les aléas de la météo que la luzerne a enduré et donc à surveiller dans les prochains jours.

Troisième constat

Cicadelle de la pomme de terre. Photo:Jacques Laberge, DLF

Avec les vents forts que nous avons subis, arrivent des insectes ravageurs que nous n’avons pas l’habitude de voir si tôt. Et oui, je reçois déjà le 15 avril une photo de la cicadelle de la pomme de terre dans un champs de graminées. On peut en repérer également au moins deux à trois par mètre carré dans le champ voisin constitué principalement de luzerne.

Sauterelle dans des graminées. Photo:Jacques Laberge, DLF

Je demande à mon collègue d’aller voir deux jours après pour savoir si elles sont encore présentes, car la neige est encore une fois revenue. Que trouve-t-il d’autre? Des sauterelles qui se nourrissent de nos graminées et de nos trèfles succulents! Nous sommes d’accord pour dire que probablement nous serons aux prises avec plusieurs insectes cette année dû aux épisodes nombreux de grands vents.

Quatrième constat

Racines noires dactyle. Photos prises par William Houde le 23 avril 2024.

Le 23 avril dans Lotbinière, un champ de graminées de quatre ans, constitué principalement de dactyle : tout mort! C’est le premier champ de graminées que j’entends qu’il y a de la mortalité à part le ray-grass vivace, qui encore une fois n’a pas survécu à nos conditions hivernales, pas très surprenant. Quant à la prairie de dactyle, je suspecte une légère couche de glace formée par l’eau froide qui est restée dans les pores de l’argile trop longtemps et a asphyxié les racines. 

Champ de graminées mortes. Photos prises par William Houde, le 23 avril 2024.

Je ne voudrais pas terminer sur une note négative, car j’ai aussi vu de très beaux champs.  Surtout dans les champs avoisinants des pH de 7, qui ont été bien fertilisés la saison passée et qui ont été récoltés dans des bonnes conditions. Nous revenons toujours à la base : sol bien égoutté, sol chaulé, bonne régie de coupe avec un fertilisation adéquate. Voilà une recette gagnante pour pallier aux aléas de Dame nature.

*Texte réalisé Brigitte Lapierre en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères. Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Les Experts-fourragers

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Des experts conseils en plantes fourragères commentent la saison en cours et fournissent trucs et conseils pour des prairies en santé. Une collaboration du CQPF.