Est-ce qu’on sème des plantes fourragères en juillet?

Est-ce qu’on sème des plantes fourragères en juillet?

*L’été s’est bien installé avec la canicule des semaines dernières et les orages ici et là.  La croissance des cultures apparaît dans les paysages campagnards et les appels commencent à être un peu moins nombreux. 

Toutefois, une question revient souvent à cette période de l’année :  devrais-je ressemer tout suite un champ constitué d’un mélange de luzerne et graminées dont la population ne correspond pas aux normes de plants\pied2 pour une bonne implantation? Notons qu’on vise habituellement 20 plants\pi2 et plus lors d’un semis.            

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Température du sol élevée

Tout d’abord, il faut reconnaître qu’en semant en juillet, on augmente les risques de subir chaleur et sécheresse pendant la germination et le développement des plantules.  Comme les semences de plantes fourragères sont petites, comparativement à des semences de maïs, soya et céréales, elles doivent être semées à la surface du sol ou au maximum dans le premier centimètre de sol.  En juillet, à cette profondeur, les températures du sol sont très élevées: on peut s’attendre à des 20-22°C.   

Les plantes fourragères aiment une température du sol aux alentours de 5 à 10°C pour bien germer.  Il sera donc difficile d’obtenir la température idéale pour ces dernières. Les semences doivent également avoir suffisamment d’humidité pour germer, ce qui n’est généralement pas le cas en juillet dans le premier cm de sol. 

Et si elles ont suffisamment d’eau, on n’a pas encore gagné la partie, surtout pas pour les graminées!  En effet, vous rappelez-vous de 2019 ?  Printemps chaud et sec …. Les graminées ont levé et puis ont séché debout!  Les années subséquentes, notre champ n’était plus constitué principalement que de luzerne! 

En juillet, les plantules de graminées souffrent de la chaleur et du manque d’eau. Elles ont alors très peu de chance de survivre. Le phénomène du printemps 2019 risquant de se répéter, il serait préférable d’attendre à la mi-août, lorsque les rosées sont bien présentes et procurent ainsi suffisamment d’humidité dans le premier centimètre.

Une photosynthèse qui ralentit

De plus, lorsque les températures commencent à grimper, la photosynthèse des plantes fourragères commence à ralentir.   En effet, les plantes de milieux froids, ou dont la saison de croissance est froide, ont une photosynthèse plus élevée à basses températures. C’est le cas des plantes fourragères pérennes, qu’on nomme plantes C3.  Celles de milieux chauds, ou se développant durant la saison chaude, ont une photosynthèse plus élevée à hautes températures, comme le maïs. On parle alors de plantes C4. 

Au printemps et à l’automne, les plantes C3 deviennent productives en raison de la forte humidité du sol, de la photopériode plus courte et de la fraîcheur du climat. En été, les plantes C3 sont moins productives en raison de la température élevée et de la diminution de l’humidité du sol.  On comprend donc ici un autre aspect qui rend le semis plus difficile en juillet.

Bref, je pense qu’on a assez de défis lorsqu’on cultive des plantes fourragères pérennes pour ne pas augmenter les difficultés en semant en juillet. Un peu de patience : attendez en août!

*Texte réalisé par Brigitte Lapierre, en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Les propos exprimés dans le texte ne relèvent toutefois que de l’auteure et n’engagent pas le CQPF.

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