Agriculture et biodiversité : maturité du programme ALUS en Montérégie

À ce jour, le programme a permis l’aménagement de plus de 121 ha de superficies agricoles

Publié: 15 août 2023

Le producteur Martin Berger a retardé une fauche pour permettre à des oiseaux de nidifier en sécurité. Crédit : Alexi Hobbs

La Fédération de l’UPA de la Montérégie et ALUS ont récemment fait un bilan du programme ALUS Montérégie pour 2023. Leur programme de préservation de l’agriculture et de la biodiversité va permettre cette année à 42 entreprises agricoles situées dans 35 municipalités de la Montérégie d’aménager près de 22 hectares de terres agricoles.

On parle de projets d’aménagement de bandes riveraines élargies, de haies multifonctionnelles, de bandes pour pollinisateurs, de prairies fleuries avec herbacées et de zones pour la fauche retardée. D’une part, ces projets renforcissent la résilience des fermes et des communautés face aux changements climatiques; d’autre part, ils contribuent au maintien et à la création de la biodiversité.

«Je me suis rendu compte en marchant dans mes champs que des oiseaux choisissaient d’y faire leur nid à un certain endroit», raconte Martin Berger de la Ferme Bermanic à St-Aimé. Il a découvert que l’espèce en question était le goglu insectivore, une espèce en péril. Il a décidé de retarder la fauche de son champ sur un hectare pour permettre aux oiseaux de nidifier en sécurité. L’arrangement était bénéfique pour tous : Martin Berger obtenait en échange une réduction des insectes ravageurs dans son champ. Il participe au programme ALUS depuis maintenant trois ans.

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Pour soutenir ce genre de projet, les entreprises agricoles participantes au programme recevront des rétributions financières de plus de 73 300 $ d’ici 2027, selon la Fédération de l’UPA de la Montérégie et ALUS. Par ailleurs, les contrats de conservation de 24 projets totalisant 12,2 ha établis en 2018 seront reconduits pour un autre cinq ans afin d’assurer leur pérennité. En effet, un des objectifs d’ALUS est d’appuyer la gestion et l’intendance des projets afin de garantir leur maintien à long terme.

« Il y a plusieurs portes d’entrée pour participer au programme, » selon Julien Pagé, 1er vice-président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie et président du comité ALUS Montérégie. « On a une équipe dévouée qui offre vraiment un service clé en main pour que les producteurs et les productrices puissent participer au programme. Ils peuvent faire appel à nous directement, ou bien le faire à travers leur club conseil ou encore l’UPA. On veut rendre ça le plus simple possible. »

Les projets qui sont éligibles à un appui d’ALUS sont ceux qui commencent là où les exigences de la règlementation locale finissent. ALUS ne pourra pas dédommager les entreprises à se rendre conforme — en élargissant une bande riveraine pour atteindre la largeur requise par la règlementation, par exemple. Une fois la règlementation de base satisfaite, ALUS pourra aider le producteur à aménager la bande riveraine de façon à augmenter son potentiel écologique. Martin Berger, dans un autre projet appuyé par ALUS, a aménagé ses bandes riveraines avec des arbres fruitiers, qui attirent insectes et oiseaux bénéfiques pour sa production agricole, réduisant sa dépendance aux insecticides chimiques.

ALUS est le programme phare de l’équipe en agroenvironnement de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, coordonnée par Yasmina Larbi-Youcef. Le travail d’une dizaine de spécialistes (biologistes, agronomes, géographes et géomaticiens) a permis au programme d’atteindre la maturité. Interrogée sur les défis actuels en matière d’agroenvironnement, Yasmina Larbi-Youcef affirme que pour rendre les écosystèmes résilients et les fermes résilientes face aux changements climatiques, les producteurs n’ont pas le choix d’adopter des pratiques respectueuses de l’environnement qui sont durables et il existe plusieurs programmes qui fonctionnent bien pour les accompagner.

Le programme ALUS de rétribution en agroenvironnement, lancé en 2016, est le premier du genre au Québec. À ce jour, il regroupe 131 fermes dans 60 municipalités de la Montérégie. Elles consacrent ensemble plus de 121 ha de superficie agricoles à l’aménagement de biens et de services écosystémiques.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Frédéric Jean

Frédéric Jean

Journaliste

Frédéric Jean est rédacteur agréé et consultant scientifique pour des projets de recherche et développement. Il développe à travers sa compagnie Canopée des systèmes d’épandage par drone pour la lutte biologique.