Un début de saison des cultures qui se fait attendre

Le temps frais et humide d’avril retarde les travaux de semis dans la province

Publié: 1 mai 2025

Un début de saison des cultures qui se fait attendre

La page est tournée sur le mois d’avril, mais contrairement aux années passées, peu de semis ont été faits jusqu’à maintenant dans la province. Quelques producteurs en Montérégie ont pu semer du blé de printemps et des prairies vers le 23 avril, mais ils demeurent des exceptions.

Maurice Cadotte, agronome chez Agrocentre, confirme que les conditions ne sont pas au rendez-vous pour le moment. « C’est encore trop humide pour semer des céréales. Ce n’est pas le froid qui est en question, puisque les céréales peuvent en prendre, mais c’est un début de printemps humide. »

La maraîchère Madeleine Zumstein fait partie de ceux qui ont amorcé la saison. Leurs semis de coriandre et d’oignons verts ont été faits mardi dernier à leur ferme Production Barry de Saint-Patrice-de-Sherrington. Depuis, les travaux sont au point mort et les semis réalisés ont à peine pointé le bout du nez. « La météo est en dents de scie depuis la semaine dernière, avec des 28 degrés un jour et zéro au thermomètre le jour suivant. Je n’ai pas vu ça souvent », dit-elle.

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Les stations météo ont confirmé que le mois d’avril avait connu beaucoup de volte-face côté température. Le mercure est demeuré dans les moyennes de saison en général, mais comme il s’agit d’une anomalie depuis le début des années 2000, l’impression d’un décalage cette année est renforcé. La province fait d’ailleurs partie des régions du globe qui ont connu des températures plus froides sur un horizon de 30 ans, tout en ayant des conditions plus ennuagées qu’à l’habitude.

En bleu foncé : bien en-dessous de la moyenne, en bleu pâle : en-dessous de la moyenne, blanc: dans la moyenne, en beige : au-dessus de la moyenne, en orange : bien au-dessus de la moyenne.

La situation n’est pas encore problématique. Maurice Cadotte indique que si les semis avaient lieu d’ici la semaine prochaine, cela aurait peu d’impacts pour le début de saison des céréales. À partir du 8 ou 9 mai, il anticipe toutefois que des producteurs commenceront à jongler avec leurs rotations et réfléchir à semer autre chose. Il note, par ailleurs, que les superficies de blé de printemps sont bien moins grandes cette année puisqu’elle ont été remplacées par du blé d’automne, semées l’an dernier. Ce dernier a d’ailleurs bénéficié de très bonnes conditions ce printemps.

Le discours est le même pour Madeleine Zumstein. D’ici à ce que la terre se réchauffe davantage, cela ne vaut pas la peine d’entrer dans les champs. Elle n’est pas encore inquiète puisqu’elle a quelques cartes dans sa manche : elle peut jouer sur le plan de ses variétés et de ses superficies afin de favoriser les plus hâtives ou tardives, selon le contexte. « C’est une question d’adaptation. On n’est pas trop inquiet si on pouvait avancer les semis d’ici le 5 mai. À partir du 10 ou 11, ça deviendra plus problématique. »

Il restera donc à surveiller ce que Mère Nature aura en réserve pour les prochains jours. Le week-end s’annonce pour l’instant assez sec, ce qui pourrait laisser du temps à des travaux avant la pluie qui est prévue s’amener ensuite.

Madeleine Zumstein espère que les conditions seront bonnes dans les prochains jours et dit qu’elle s’en tiendra aux prévisions à court terme.

Maurice Cadotte se fait rassurant pour sa part. « Le Québec peut être semé en dix jours avec de bonnes conditions. Mieux vaut avoir le mauvais temps maintenant et de bonnes conditions plus tard que le contraire, ou une météo qui fait le yoyo entre les deux. »

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.