Sortir le semoir en février, pourquoi pas!

Une autre technique pour l'implantation de cultures de couverture

Publié: 22 février 2024

Sortir le semoir en février, pourquoi pas!

Une publication dans le groupe Facebook Culture de couverture Québec a suscité curiosité et étonnement de la part des lecteurs. Au-dessus d’une photo d’un semoir dans la neige (!) et d’une photo prise de la cabine dans le même champ, on pouvait y lire « Des conditions idéales pour semer du trèfle dans les champs avec des céréales d’automne. Sol gelé avec couvert de neige fraîche ».

L’auteur de ces lignes est Gotthard Neeser, producteur laitier et propriétaire de la Ferme La Franconie, située à Saint-Alexandre. S’il a sorti son semoir à un moment aussi inusité, c’est sur les conseils de son agronome, raconte-t-il. « C’est pour une implantation de trèfle, sur le même principe que le semis à la volée sur terre gelée et la même chose que sur un quatre roues. Comme je n’ai pas de quatre roues et que je n’ai pas d’épandeur à la volée, j’ai sorti mon semoir. Je préfère cette technique : c’est plus précis et on est au chaud », dit-il.

Le semis de trèfle s’est fait sur une implantation de seigle d’automne dans un champ de 2,9 hectares, lui-même fait sur un retour de soya. Préférablement, le semis de seigle aurait été fait sur un retour de céréales, mais comme les conditions ont été difficiles l’été dernier et que le temps est compté quand on est producteur laitier, il a préféré attendre à l’automne pour son semis de seigle qui a été fait à la volée avec un épandeur à engrais.

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Pour son implantation de trèfle, Gotthard Neeser a visité son champ jeudi dernier pour vérifier les conditions. Étant située dans le couloir du lac Champlain, la ferme n’a pas de couvert de neige en hiver. Avec le soleil, le sol s’est réchauffé et le producteur a dû annuler son projet, puisqu’il n’était plus possible de faire passer la machinerie. Le lendemain toutefois, un couvert de neige rendait les conditions parfaites pour un passage sur le sol gelé. Le producteur a donc sorti son semoir tôt le matin, en remplissant seulement les boîtes de derrière de luzerne. Les disques ont été abaissés, sans les ressorts. Les disques ont donc servi à créer les tranchées et recouvrir les semences de neige. La neige fraîche a également aidé à la navigation en rendant parfaitement visible le passage du tracteur.

Gotthard Neeser agissait en connaissance de cause, en ayant vu plusieurs articles portant sur la technique. Cette dernière est sans danger pour le sol et s’apparente à passer la machinerie sur une prairie. Il admet toutefois que sa sortie en semoir a de quoi surprendre. « Les gens en général ont peur de faire des choses, ils ont peur de faire rire d’eux », croit le producteur.

Ayant débuté graduellement le semis direct en 2014, le producteur a deux principes à cœur, du point de vue de sa perspective personnelle: améliorer la condition et la santé de ses sols et réduire le temps de travail au champ. Avec les exigences qui viennent avec les chantiers de foin en été, le producteur de 60 vaches laitières n’a pas le luxe de passer beaucoup de temps dans le champ, ce qui est encore moins bon si on tient compte des GES. « En étant producteur laitier, j’ai par contre une grande possibilité de rotation, en plus de mes champs de foin. »

Pour ce qui est du champ de seigle, une partie de celui-ci sera récolté pour les grains, en espérant que la saison soit bonne.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.