Le journaliste agricole Nicolas Mesly lance le 9 novembre son livre Terres d’asphalte (paru aux Éditions Multimondes), un ouvrage inspiré par le documentaire « Québec, terre d’asphalte », paru il y a un an. Réalisé par Hélène Choquette, c’est à Nicolas Mesly que revenait l’idée originale du documentaire. Avec le livre, il dit vouloir creuser l’analyse de la situation à l’aide d’exemples de la spéculation à laquelle font face les terres agricoles dans différentes régions du Québec. Il explore les dynamiques à l’oeuvre en mettant de l’avant les acteurs principaux, que ce soit les agriculteurs, les municipalités, les promoteurs immobiliers et le gouvernement par le biais de la Commission sur la protection du territoire agricole du Québec. La genèse de la situation actuelle est décortiquée en revenant sur la naissance et le contexte de la Loi sur la protection du territoire agricole initiée dans les années 1970 par Jean Garon, à l’époque ministre de l’Agriculture.

Nicolas Mesly souhaite faire réfléchir et alimenter la discussion sur le modèle québécois et, éventuellement, mener à un débat public. « On ne peut laisser aux agriculteurs seulement la responsabilité de ces enjeux de société, croit-il. Il est question au final de savoir à qui revient la décision de déterminer ceux qui exploiteront ces terres et comment, mais plus encore, si le Québec veut conserver dans sa cour son garde-manger ou déléguer cette responsabilité à l’étranger. »
Le livre démontre que la responsabilité de la défense de la loi sur les terres agricoles repose trop souvent sur les épaules d’agriculteurs vieillissants et dont le nombre diminue. « On se retrouve ainsi avec deux catégories de producteurs, la première souhaitant pérenniser leurs entreprises et les autres qui ont le choix de vendre au pied carré leur terre », explique l’auteur.
On assiste avec le temps à la disparition des fermes moyennes au Québec, ce qui a déjà eu lieu dans le reste du Canada. Le modèle économique agricole tel qu’il existe est également mis à mal, fait valoir Nicolas Mesly.
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Le journaliste déplore d’ailleurs l’absence d’une vision globale exercée par la plus haute autorité « Il n’y a pas de pilote dans l’avion, dit-il. Comme me le disait Jean Garon, l’agriculture devrait être de la responsabilité du premier ministre. Mais manifestement, l’agriculture semble loin des préoccupations du présent gouvernement, comme l’a démontré la dernière campagne électorale. »
Nicolas Mesly dresse trois constats de la situation actuelle sur la spéculation des terres. Le premier est qu’un changement profond du modèle fiscal est nécessaire pour freiner la spéculation. En second, une réflexion est essentielle pour déterminer ce qu’on souhaite laisser aux générations futures, alors que le contexte géopolitique évolue très rapidement. Pour terminer, « l’urgence climatique demandera des actions rapides, une voie sur laquelle le gouvernement Legault ne semble pas engagé avec des projets comme le 3e lien », soutient l’auteur.
La lecture du livre laisse songeur et plutôt pessimiste quant à l’avenir de l’agriculture au Québec. Nicolas Mesly ignore quel sera l’accueil réservé à son livre, écrit comme on lance une bouteille à la mer. Il espère qu’il ouvrira le débat et même qu’il dérangera. Sinon, dit-il, « un jour, on paiera le gros prix de nos décisions ».
Nicolas Mesly sera présent au Salon du livre de Montréal qui se déroulera du 23 au 27 novembre prochain.