Depuis l’été dernier, un bras de fer se joue entre l’entreprise duBreton et les Éleveurs de porcs du Québec. Après avoir demandé d’être retirée du Plan conjoint et avoir cessé de payer ses cotisations aux Éleveurs de porcs, DuBreton demande maintenant l’aide de ses clients pour appuyer sa démarche auprès de la Régie des marchés agricoles. De leur côté, les Éleveurs ont déposé une ordonnance pour forcer duBreton à payer sa part.
En août 2023, duBreton a déposé à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec une demande d’exclusion de la production de porcs de niche du Plan conjoint des producteurs de porcs du Québec. Les Éleveurs de porcs se sont objectés à cette demande. En novembre, duBreton a cessé le paiement de ses contributions et des frais de mise en marché aux Éleveurs de porcs.
Le 7 février, duBreton lançait une pétition sur le site Change.org demandant l’appui des consommateurs dans sa démarche. « DuBreton lance une pétition afin de demander l’appui des tous les consommateurs soucieux du bien-être animal et des pratiques biologiques en lien avec sa demande d’exclusion du Plan Conjoint de mise en marché collective des porcs du Québec », a écrit l’entreprise dans un communiqué. Le lien de la pétition a aussi été partagé sur les réseaux sociaux de l’entreprise. En date du 13 février à midi, la pétition comptait 855 signatures.
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Convention signée
Dans le texte de la pétition, l’entreprise spécifie notamment que « la Convention des Éleveurs de porc du Québec n’a jamais été modifiée pour refléter la réalité et les intérêts de éleveurs de porcs de spécialité ». Pourtant, dans le communiqué du 18 avril 2023 portant sur la signature de la nouvelle convention collective par les éleveurs et les acheteurs, on y retrouvait une déclaration de Vincent Breton, président de DuBreton.
« Nous sommes fiers, qu’enfin, après de nombreuses années, le porc biologique et le porc certifié bien-être animal duBreton soient reconnus par les Éleveurs de porcs du Québec comme un produit différent requérant des particularités et un traitement adapté à sa mise en marché. La pleine et entière reconnaissance de ce mode de production, qui répond aux nouvelles attentes des consommateurs, demeure un défi, mais il s’agit d’un pas dans la bonne direction des Éleveurs de porcs du Québec et des autres membres de l’industrie. Souhaitons maintenant que les autres instances agricoles réglementaires emboîtent le pas », déclarait le président des Viandes duBreton, Vincent Breton.
Par courriel, Tristan Deslauriers, directeur des relations publiques et secrétaire général, nous a écrit que duBreton, comme producteur et acheteur, bénéficie de la mise en marché collective depuis sa mise en place, il y a plusieurs décennies. Il a ajouté que les Éleveurs de porcs ont récemment déposé une demande d’ordonnance contre duBreton « qui a décidé de se faire justice à elle-même » en cessant de payer ses cotisations.
« Effectivement, depuis novembre 2023, l’entreprise contrevient à la Loi, aux règlements et à la Convention en arrêtant le paiement de ses contributions et des frais de mise en marché à notre organisation, et ce, au détriment des autres éleveurs. Ces agissements vont clairement à l’encontre d’une mise en marché efficace et ordonnée au Québec », a ajouté Tristan Deslauriers.
Pour justifier l’arrêt de paiement et la demande d’exclusion du Plan conjoint malgré la signature de la convention collective, Véronique Bouchard, conseillère marketing et communication chez duBreton, explique, dans un courriel, que duBreton vit une injustice.
« Les programmes d’aide en place, comme l’ASRA, sont devenus des programmes adaptés pour supporter l’industrie de porcs de commodité, contrairement à leur mission historique qui était d’assurer un revenu stable à tous les producteurs. La cotisation spéciale pour le détournement des porcs prélevée sur les paies des producteurs qui font des porcs de spécialité en est un exemple », dit-elle.
Elle ajoute que l’appui des Éleveurs de porcs à leur modèle d’affaire était une condition non négociable lors de la signature de la convention collective. DuBreton considère aujourd’hui que rien n’a été réalisé et qu’elle se retrouve à subventionner leurs compétiteurs. « Un modèle où nous subventionnons nos compétiteurs n’est pas soutenable et viable », écrit Véronique Bouchard.