Contrairement à la croyance populaire, l’agriculture biologique et locale ne serait pas plus écologique que l’agriculture conventionnelle, d’après le professeur en génie agroenvironnemental à l’Université Laval Serge-Étienne Parent.

Dans un article qu’il a publié dans La Conversation, le chercheur explique son point de vue. « Les rendements inférieurs obtenus en régie biologique font reposer le fardeau écologique d’une ferme sur une plus petite quantité d’aliments. Chaque aliment certifié biologique demandera ainsi à la nature davantage de territoire, contribuera davantage à la pollution de l’eau et produira un peu plus de gaz à effet de serre », peut-on lire dans son article intitulé L’agriculture locale et bio est-elle vraiment meilleure pour l’environnement ?
En plus de générer moins de rendement que l’agriculture conventionnelle, l’agriculture biologique nécessite beaucoup de ressources pour la production de fertilisants, déplore-t-il. « La production de fertilisants repose non seulement sur de grands espaces voués à produire des engrais végétaux, mais aussi sur les déjections animales, ainsi que les résidus d’abattoirs et de la (sur)pêche. »
Dans son article, le chercheur fait également référence à une étude suédoise qui démontre que l’agriculture de proximité n’est pas une solution écologique non plus. Le transport des aliments étant une faible source d’émissions de gaz à effet de serre, il représente 6% des émissions du secteur agroalimentaire. Le gros des émissions du secteur provient plutôt des ruminants, des fumiers, des fertilisants et de la déforestation, mentionne le chercheur.
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C’est pourquoi, il privilégie une diète principalement végétale pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. « Une civilisation qui favoriserait des diètes essentiellement végétales serait en mesure de retourner à la nature une superficie de 3,1 milliards d’hectares (équivalente à celle de l’Afrique), tout en diminuant de moitié les émissions de gaz à effet de serre du secteur agroalimentaire. Même si l’élevage (en particulier la viande bovine) et la pêche étaient réduits de moitié, nous améliorerons grandement tous nos indicateurs », indique-t-il.
Si ces enjeux vous interpellent, Serge-Étienne Parent donnera une conférence sur le sujet le 10 mars prochain à 11h dans le cadre du Rendez-vous végétal. Dans le même contexte, Rafael Jacob, chercheur associé à la Chaire de recherche Raoul-Dandurand, amènera le public de l’autre côté de la frontière avec sa conférence intitulée De Trump à Biden : les implications économiques, politiques et commerciales de l’arrivée d’une nouvelle administration américaine. L’agronome Peter Johnson de Real Agriculture parlera, quant à lui, des détails qui peuvent faire toute la différence pour l’obtention d’un rendement maximal dans le blé.