Particularités des hybrides à floraison tardive

Publié: 3 juillet 2022

Maïs floraison

Le maïs et les céréales sont des cultures à croissance déterminée, c’est-à-dire que leur floraison s’opère dans un court laps de temps et qu’elle marque la fin de la phase végétative. Ce stade de reproduction bien défini peut nous servir à mieux positionner les hybrides de maïs et des cultivars de céréales.

Chez le maïs, près de la moitié de la variation génétique liée à sa précocité s’exprime dès la floraison, tandis que l’autre moitié correspond à une variation de la période de remplissage du grain et de la rapidité du séchage des épis. Cependant, la cote de précocité attribuée aux hybrides commerciaux est principalement fondée sur leur teneur en eau à la récolte.

Néanmoins, le cumul des unités thermiques maïs (UTM) à la floraison est une source indispensable d’information pour évaluer le risque que présente un hybride en cas de gel mortel précoce, car ce cumul est intimement lié à sa maturité physiologique. En effet, il s’écoule de 55 à 65 jours entre la fécondation des fleurs et l’apparition de la zone d’abscission du grain qu’on appelle communément le « point noir ».

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La maturité physiologique est atteinte lorsque la plante cesse d’accumuler de la matière sèche et se confirme par l’apparition du point noir. Si on remonte le temps de 60 jours à partir de la date probable à 10 % d’un gel mortel, le maïs doit compléter sa fécondation avant la fin de juillet pour arriver à terme dans les régions les plus chaudes du Québec. Les hybrides qui fleurissent tardivement vont souvent atteindre leur maturité physiologique au moment où les risques de gels mortels augmentent. Certes, un hybride à floraison tardive peut avoir une faible teneur en eau à la récolte s’il a pu profiter d’un automne chaud. Cependant, ce même hybride pourrait être plus sévèrement touché par un gel précoce advenant une saison froide. De là l’intérêt à connaître la précocité de la floraison des hybrides : elle nous informe également sur leur maturité physiologique. Comme il est plus facile d’observer la date de floraison que celle de l’apparition du point noir, il est préférable d’observer la précocité des hybrides au moment de la fécondation, en juillet.

Bien que le maïs commence à former ses structures reproductrices au stade V6, elles deviennent visibles de trois à quatre semaines plus tard. Les hybrides précoces, par exemple ceux de 2200 UTM, produiront environ 12 feuilles avant de faire une croix, alors que ceux de plus de 3000 UTM produiront environ 17 feuilles. C’est dire que les hybrides tardifs forment quelques feuilles de plus avant de fleurir, produisant ainsi une plante de plus grande taille.

Certains hybrides vont déployer leurs panicules très tôt, sans qu’il n’y ait pour autant production de pollen. C’est pourquoi il est préférable de noter l’émergence des soies des épis plutôt que l’apparition des panicules. Il y a quelques décennies, il arrivait qu’en période de stress hydrique le maïs produise du pollen avant même qu’on observe ses soies. Les Américains parlent d’ASI (Anthesis-Silk Interval) pour décrire ce phénomène. Heureusement, ce comportement est plutôt rare aujourd’hui, grâce aux efforts soutenus de la sélection variétale. Dans les meilleures conditions, une panicule peut produire du pollen durant cinq jours, alors que les soies peuvent être réceptives pendant plus d’une semaine.

En conclusion, les hybrides à floraison tardive ne sont pas nécessairement à proscrire, car ils peuvent procurer davantage de rendement durant les saisons chaudes. Cependant, la connaissance de cette caractéristique est nécessaire à bien les positionner géographiquement et temporellement. Je parle ici de faire preuve de réalisme sur leur précocité et de leur accorder la priorité dans l’ordre de semis des hybrides sélectionnés.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Marc Montpetit

Jean-Marc Montpetit

Chroniqueur au Bulletin des agriculteurs

Jean-Marc Montpetit est sélectionneur de végétaux et agronome. Il fait aussi de la vulgarisation de concepts agronomiques auprès des agriculteurs.