Une bonne gestion des pâturages, c’est payant

Une régie intensive nécessite moins de superficies de pâturages et de prairies

Publié: 18 octobre 2022

L'agronome Jessica Guay-Jolicoeur, conseillère Opti-Boeuf chez Sollio Agriculture donnait une conférence lors du Congrès du boeuf, le 7 octobre 2022.

Une meilleure gestion des pâturages est payante pour une entreprise vache-veau. Tel était le message de l’agronome Jessica Guay-Jolicoeur, experte-conseil en production bovine pour Opti-Boeuf chez Sollio Agriculture, lors de sa conférence lors du Congrès du bœuf présenté le 7 octobre 2022 à Victoriaville. 

Une meilleure gestion des pâturages permet d’augmenter le rendement des fourrages. Il permet de diminuer la superficie totale en culture (foin et pâturage) nécessaire pour nourrir le même nombre d’animaux. Cela peut permettre de garder plus de vaches, de cultiver des céréales et d’augmenter son revenu ou encore de louer des terres à ses voisins. 

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Dans sa présentation, Jessica Guay-Jolicoeur a comparé trois systèmes de paissance pour un troupeau de 100 vaches de 1500 vaches (680 kg) ayant eu 94 veaux vivants vêlés le 1er mai, entré au pâturage le 23 mai et dont les veaux ont été sevrés le 15 novembre. Dans le premier scénario, le pâturage en rotation était peu productif et les vaches ont été nourries sept jours durant la saison sèche. Dans le deuxième scénario, le pâturage était en rotation modéré et sans alimentation additionnelle au champ l’été. Dans le scénario trois, les animaux était dans un pâturage intensif en bandes. 

Sur une année, il faut beaucoup plus de balles rondes pour nourrir les animaux en pâturage peu productif (1472) qu’en pâturage en rotation (1282) et un pâturage intensif (966). La superficie en pâturage est beaucoup moins grande en pâturage intensif (64,4 ha), qu’en pâturage en rotation (70,3 ha) et en pâturage peu productif (101,1 ha). Et puisqu’il faut plus de foin pour nourrir les animaux en pâturage peu productif, il faut aussi plus de superficie dans ce système de paissance (71,3 ha) qu’en pâturage en rotation (62,1 ha) et en pâturage intensif (46,8 ha). Prairies et pâturages, cela donne une superficie totale de 172,3 ha pour le troupeau en pâturage peu productif, 132,4 ha pour celui en pâturage en rotation et 111,2 ha pour celui en pâturage intensif. Cela donne 1,72 ha, 1,32 ou 1,11 ha par vache, selon le système de paissance.

Comment faire?

Dans sa conférence, Jessica Guay-Jolicoeur a aussi expliqué que de bonnes pratiques permettent d’augmenter les rendements des pâturages. Pour cela, il faut fertiliser, chauler, faire du sur semis, privilégier les espèces performantes et tolérantes à la sécheresse et privilégier le drainage et l’écoulement de surface. Il faut aussi privilégier les pâturages en bandes, ce qui veut dire avoir un plan de paissance. Lorsque les plantes poussent vite, il faut faire un changement rapide des bandes. Lorsque la croissance est plus lente, il faut effectuer le changement plus lentement. Il faut aussi éviter la sur paissance à tout prix. C’est-à-dire que les animaux doivent être sortis quand il reste encore de l’herbe. De plus, cela permet de conserver l’humidité du sol et offre aux animaux le meilleur de l’herbe. Et puis, cela est payant en temps puisque des animaux qui s’alimentent davantage aux pâturages nécessitent moins de main-d’œuvre.

En entrevue après la conférence, Jessica Guay-Jolicoeur explique que pour certains producteurs, les pâturages sont souvent vus comme une charge de travail. « Souvent, le retour sur l’investissement, ils s’en rendent compte, dit-elle. C’est passer à l’action qui est le plus difficile. »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.