Alors que la parution de la révision du Code de pratiques pour les soins et la manipulation des bovins laitiers est attendue sous peu et que l’obligation de modification pour les truies gestantes a été repoussée de cinq ans, le Salon de l’agriculture de Saint-Hyacinthe a présenté un panel sur le sujet le 19 janvier dernier.
Les trois panelistes sont préoccupés par le bien-être animal, mais ils sont aussi practico-pratiques. Il s’agit de Martine Denicourt, professeure invitée à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal qui a aussi déjà été productrice de porcs. Il y a aussi Anne-Marie Raîche, superviseure, développement services techniques chez Trouw Nutrition Canada, et Steve Adam, membre du comité d’élaboration du Code de pratiques des bovins laitiers.
Martine Denicourt a débuté en expliquant que les Français ont une façon intéressante de présenter le bien-être dans les fermes d’élevage. Ils différencient bien-être animal, bien-être des animaux et bien-être de l’animal. Cela permet d’être plus précis sur ce dont on parle. Steve Adam a renchéri en expliquant que le bien-être doit être propre à l’animal.
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Selon Anne-Marie Raîche, le bien-être animal et les performances d’élevages sont très liés. L’amélioration du bien-être animal accroît aussi les performances d’élevage et pour cela, il faut travailler sur la régie d’élevage. Toutefois, elle ajoute qu’un élément est très important, c’est le retour sur l’investissement. Son entreprise utilise beaucoup l’indice de la production quotidienne à vie comme indicateur de performances. Le manque de relève et la pénurie criante de travailleurs sont d’autres éléments qui influencent les mises en place des modifications liées au bien-être animal.
Les producteurs sont sensibilisés au bien-être animal, mais c’est plus facile à prendre comme décision quand il y a un retour sur l’investissement. « La façon de penser des producteurs a beaucoup changé au fil des ans », explique Steve Adam. « On est bien positionnés parce qu’on en parle », dit-il. Il ajoute que la stabulation libre n’est pas obligatoire, mais que les producteurs convertissent de plus en plus leurs entreprises. « Les gens le font dans le bon ordre », dit-il. Anne-Marie Raîche ajoute qu’il est important pour le producteur d’avoir le sens de l’animal.
Les technologies prennent de plus en plus de place. Selon Steve Adam, nous ne sommes qu’au début des senseurs sur les fermes. En production porcine, le Québec compte plusieurs entreprises qui sont des leaders en termes de technologies qui bénéficient au bien-être animal.
Les codes
Steve Adam ne pouvait pas se prononcer sur le contenu à venir du code de pratiques en production laitière, même s’il en connaît le contenu. Il explique que le code est basé sur la science. Il est planifié avec des dates de mise en place qui tiennent compte de la rentabilité des entreprises laitières. « Ça a été pensé avant d’être proposé aux fermes. C’est très bien backé scientifiquement », ajoute Anne-Marie Raîche.
Selon Martine Denicourt, le code pour les porcs est avant-gardiste. « On n’est pas à la traîne, dit-elle. Il y a l’Europe, après, nous, puis, les États-Unis. » Il faut cependant éviter de trop comparer l’Europe avec le Canada. Selon elle, « ce qui accroche, c’est deux à trois choses ». L’ajout d’enrichissement, les cochons en raffolent. Pour la santé, c’est hyper important.
Si la mise en place des modifications des truies en gestation en liberté a été repoussée de 2024 à 2029, c’était parce que ce n’était pas réalisable pour plusieurs producteurs. Certaines autres modifications ont été appliquées beaucoup plus rapidement, comme l’utilisation d’un analgésique lors de la castration dès 2016.
Le panel était animé par Vincent Chauchy de La Terre de chez nous.