Alors que l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA) tenait son assemblée générale annuelle le 2 février 2023, l’Agence canadienne d’inspection des aliments confirmait déjà cinq cas d’influenza aviaire pour 2023 dans des élevages commerciaux de la Montérégie. « Il y a des oiseaux migrateurs qui ne migrent plus », constate avec regret Martin Pelletier, coordonnateur de l’EQCMA en entrevue au lendemain de l’assemblée.
Oiseaux sauvages
Dans une conférence sur la situation et la surveillance de l’influenza aviaire chez les oiseaux sauvages au Québec, Ariane Massé du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, a expliqué que déjà, en janvier, le ministère avait détecté quelques cas chez des oiseaux sauvages. Mme Massé travaille dans l’équipe responsable de la surveillance du virus chez la faune. Bien que détecté pour la première fois au Québec le 1er avril 2022, le virus se retrouve dorénavant dans toutes les régions du Québec. «C’est la première fois qu’un virus d’influenza aviaire cause de la mortalité aussi importante chez un aussi grand nombre d’espèces d’oiseaux sauvages», a-t-elle dit. Le plus important groupe d’oiseaux sauvages trouvés morts ont été les canards, oies et bernaches pour 53% des cas. En 2022, il y a eu trois fois plus de signalements d’oiseaux sauvages morts ou malades que par le passé.
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23 fermes au Québec
Dans les élevages, c’est 282 fermes qui ont été infectées au Canada en date du 31 décembre 2022, expliquait la vétérinaire Manon Racicot de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. La Colombie-Britannique a été la province la plus touchée avec 96 fermes infectées. Au Québec, c’est 23 fermes. Dans les fermes de volaille, 80% des cas sont survenus dans des élevages commerciaux. Dans les différents cas, le bris des mesures de biosécurité, le partage d’un même environnement contaminé et l’action du vent seraient en cause dans les cas de contaminations des fermes québécoises en 2022. « L’étendue géographique et le nombre d’espèces d’oiseaux sauvages touchés est sans précédent et le niveau de contamination devrait rester élevé. Nous devons tous nous adapter à ce nouveau contexte », a dit Manon Racicot. Selon elle, la biosécurité reste la clé de la lutte au virus.
Chez M. McCartney
Le 9 juillet 2022, l’entreprise Aviculture KDEM spécialisée dans l’élevage de dindons à Saint-Gabriel-de-Valcartier dénombre 10 à 15 oiseaux morts sur un étage. Lucas McCartney, copropriétaire, a présenté toutes les étapes par lesquelles ils sont passés jusqu’à l’approbation de la réintroduction de l’ACIA 146 jours plus tard, soit le 1er décembre. Il déplore le « manque de transparence et la confidentialité agressive ». Selon lui, il y a plusieurs améliorations nécessaires dans le processus. Il aimerait une meilleure préparation de l’éleveur qui entre dans un tel processus.
Régime d’indemnisation impacté
L’année 2022 a été très chargée pour l’EQCMA. L’influenza aviaire a bien sûr été le thème principal des interventions. « L’EQCMA y a dédié l’essentiel de ses énergies et ressources entre février et octobre 2022, alors que le Québec a connu 23 cas chez des troupeaux de volaille domestiques pour la première fois de son histoire », peut-on lire dans le rapport d’activités. Au total, 532 000 volailles sont mortes ou ont dû être euthanasiées pour éradiquer la maladie dans 16 troupeaux commerciaux et 7 petits élevages. L’enjeu des communications a été majeur. Plus de 60 messages ont été communiqués par l’EQCMA entre le 4 février et le 31 octobre 2022.
Avec tous ces cas, le régime d’indemnisation des éleveurs a été mis à mal. Ce régime d’indemnisation vise à combler en partie ce qui n’est pas couvert par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) lors d’une maladie à déclaration obligatoire. Ça couvre les frais de nettoyage et de désinfection, ainsi que les frais de biosécurité. Le programme n’est pas uniquement pour les producteurs touchés. C’est aussi pour tous les partenaires de la filière, comme les abattoirs, les classificateurs d’œufs ou les meuneries.
« Il va falloir qu’on révise les contributions à ce fond-là pour les mettre à la hausse si on veut maintenir le programme parce que la dernière année a drainé beaucoup de sous, et les coûts de la réassurance ont augmenté de façon importante. Donc, il faut se pencher là-dessus pour rehausser la cotisation des assurés pour maintenir la viabilité du régime », explique Martin Pelletier en entrevue.
Influenza aviaire en 2022 au Québec:
- 23 fermes de volailles domestiques
- 532 000 volailles mortes de la maladie ou dépleuplées pour éradiquer la maladie
- 16 troupeaux commerciaux et 7 petits élevages