Arrive le temps d’épurer ma parcelle de notre champ de semence sélect. Toujours un peu intimidant quand je travaille avec une nouvelle variété. Faut apprendre à la connaître. À quoi elle ressemble pour ensuite bien identifier les intrus (hors type) que je devrai réussir à enlever.
J’en étais à ma deuxième épuration hier. En général ça me prend environ 4 heures pour faire une tournée sur la parcelle qui ne dépasse jamais 1 ha. Je commence à marcher. J’observe ma variété et j’essaie de trouver les intrus. Au début j’en trouve un facile. J’avance et j’en arrache à l’occasion.
Je me demande tout le temps si j’en oubli pas d’un autre type. J’ai une variété aristée dans le haut (qui a des barbes seulement sur la tête de l’épi). Mon intrus est un beau gros barbu assez évident à trouver. Je cherche s’il n’y aurait pas de non barbu ou autres.
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Déjà quelques années qu’on voyait des vidéos d’agriculteurs qui vulgarisaient la culture à relais. On se disait : faudrait bien essayer ça! Une réflexion de deux trois ans, le temps de se préparer mentalement et de s’organiser pour réaliser le projet.
Pour être certain que mon cerveau demeure en éveil constant J’avance en me répétant que je cherche des barbus je cherche des barbus! C’est un moment tellement le fun! Au beau milieu du champ, tout seul avec moi-même au grand air avec une légère brise qui élimine tout risque d’insecte piqueur.
Je termine en soirée avec le sentiment du devoir accompli et surtout l’idée que je refais une 3e passe le lendemain matin tout juste avant l’arrivé de l’inspecteur. La météo nous annonce de la pluie. Ça risque d’être un peu moins confortable mais je suis prêt à y aller coûte que coûte question d’être vraiment certain de réussir à avoir moins de 6 intrus sur 120 000 plants. Ça ne nous donne pas une grosse marge de manœuvre.

Levé tôt le lendemain matin. Pas de pluie sous un ciel semi-couvert! Yes ! C’est déjà bien parti. Arrive au champ, pas de vent et pas d’insecte non plus. Je démarre et je ne trouve que quelques rares intrus, signe que j’ai fait du bon travail la veille. Par contre je me méfie quand je me sens trop confiant. Il ne faut pas que je baisse ma garde je dois rester attentif. Pas question de penser à autres chose ni distraction.
Et voilà que j’entends les goglus qui m’encouragent de leur chant qui pourrait ressembler à du rock. Et oui, tout seul au beau milieu du champ sous le chant des goglus qui « rockent »! L’inspecteur arrive et toujours pas de pluie. Pas beaucoup d’intrus non plus. Le ciel est de plus en plus menaçant. Et voila qu’Il tombe un gros orage à environ 1 km. Nous on travaille encore sous quelques gouttes seulement de pluie.
C’est terminé! La parcelle respecte les normes! L’orage commence. Bonne affaire de réglée! J’ai fait une semaine de fou que je termine aujourd’hui. Au moment ou vous lirez mon texte je serai à un endroit où il y a le moins de champs en culture possible. Du vélo, de la montagne et un peu de bière, question de décrocher quelques jours avant le début des récoltes du blé d’hiver qui arrivent à grands pas.
Vraiment hot quand les goglus ROCKENT!

Profession agriculteur