Est-ce qu’un cultivar ou un hybride peut dégénérer ?

Plus un produit reste longtemps sur le marché, plus il a de chances de connaître une année qui lui est moins favorable

Publié: il y a 40 minutes

Production de semence expérimentale en contre-saison au Chili.

On entend parfois dire que certains hybrides de maïs ou cultivars de soya « dégénèrent » au fil des années. Ce mythe, encore tenace aujourd’hui, est souvent entretenu chez les produits ont une longévité commerciale supérieure à la moyenne.

À ce propos, plusieurs études démontrent que la sélection variétale fait progresser le rendement du maïs et du soya à un rythme d’environ 0,5 à 1 % par année. Par conséquent, un produit qui vieillit est constamment comparé à de nouvelles variétés graduellement plus performantes : son avantage initial s’atténue donc avec le temps.

Par ailleurs, plus un produit reste longtemps sur le marché, plus il a de chances de connaître une année qui lui est moins favorable — c’est une simple question de probabilité. Bref, le bagage génétique d’un hybride de maïs, lui, ne change pas au fil des ans.

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La qualité de la semence — c’est-à-dire son pouvoir germinatif — ainsi que sa pureté génétique peuvent également influencer la performance observée au champ. Normalement, les semencières s’assurent de commercialiser des lots ayant un pouvoir germinatif élevé. Cependant, comme il s’agit de matériel vivant, le lieu et l’année de production peuvent influencer ce taux. D’où l’importance de méthodes rigoureuses de contrôle de la qualité.

Fait intéressant, à mesure qu’un hybride de maïs prend de l’âge, on en apprend davantage sur les « caprices » des lignées parentales utilisées dans le croisement, ce qui permet d’éviter les écueils susceptibles de nuire à la qualité de la semence produite.

Un dernier élément à considérer est la pureté et l’identité génétique des semences. Depuis quelques décennies, la création de lignées haploïdes doublées et l’utilisation de marqueurs moléculaires ont permis d’assurer une pureté génétique telle que les semences d’un même hybride peuvent être considérées comme génétiquement identiques.

Dans le cas du soya et des céréales, les semences sont homozygotes, mais de très légères différences peuvent subsister entre les plantes d’un même cultivar selon la méthode d’épuration utilisée. Enfin, pour les plantes fourragères telles que le trèfle ou la luzerne, il s’agit de populations génétiquement hétérogènes. Dans ce seul cas, le lieu de multiplication peut exercer une pression de sélection indésirable : les individus les mieux adaptés à cet environnement auront alors tendance à représenter une proportion plus élevée du lot de semences.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Marc Montpetit

Jean-Marc Montpetit

Chroniqueur au Bulletin des agriculteurs

Jean-Marc Montpetit est sélectionneur de végétaux et agronome. Il fait aussi de la vulgarisation de concepts agronomiques auprès des agriculteurs.