Bruxelles (Belgique), 23 janvier 2004 – L’Union européenne a imposé avec effet immédiat l’interdiction des importations de volailles de Thaïlande où les autorités sanitaires ont annoncé la mort d’une personne atteinte de grippe aviaire.
L’interdiction s’applique aux volailles abattues après le 1er janvier et aux produits dérivés.
Dans le même temps, à Bangkok, le directeur général du département du contrôle des maladies annonçait qu’un volailler de 56 ans soupçonné d’avoir contracté la grippe aviaire avait succombé à une pneumonie.
Par ailleurs, deux garçonnets de six et sept ans également frappés par la maladie et habitant des provinces distinctes à l’ouest de Bangkok, sont dans un état « critique mais stable ».
Trois autres Thaïlandais ont été soumis à des analyses et le gouvernement a invité toute personne souffrant de fièvre et de bronchite après s’être approchée de volailles à consulter sans délai un médecin.
Les enfants semblent les plus exposés, sans que l’on sache pourquoi, et quatre des cinq morts enregistrés au Vietnam étaient des enfants.
« Nous ne pouvons prendre aucun risque avec la santé publique ou la santé animale », explique dans un communiqué David Byrne, commissaire européen chargé de la Santé et de la Protection du consommateur.
L’interdiction sera réexaminée lors d’une réunion de vétérinaires de l’UE, les 2 et 3 février.
La Thaïlande est le quatrième producteur de poulets au monde et le deuxième exportateur vers l’Union européenne après le Brésil.
Risques limités
L’UE, qui n’importe aucune volaille vivante ou aucun oeuf à couver de Thaïlande, a acheté 120.000 tonnes de viande de poulet ou de produits dérivés de Thaïlande en 2002 et 128.000 tonnes au cours des dix premiers mois de 2003.
L’interdiction européenne s’applique aussi aux produits dérivés destinés à la production de nourriture pour animaux, ainsi qu’aux oeufs destinés à la consommation humaine.
« Nous ne pouvons exclure un risque provenant de produits carnés, c’est pourquoi nous prenons cette mesure de précaution (…) pour protéger les intérêts de nos paysans », a déclaré à la presse Thorsten Muench, porte-parole de la Commission.
Aucune mesure ne sera prise contre le Vietnam, la Corée du Sud et le Japon, également touchés par la grippe aviaire, car l’UE n’importe ni volailles, ni produits dérivés de ces pays, a précisé la Commission.
La France avait déjà annoncé vendredi sa décision de « consigner » les viandes fraîches de volaille importées de Thaïlande après le 1er janvier en les « arrêtant à la frontière ».
Plusieurs autres pays ont interdit les importations de volailles de Thaïlande, notamment Hong Kong, le Bangladesh et le Japon.
L’Union européenne est, après le Japon, le second importateur de volailles thaïlandaises, un secteur qui représente 1,8% des exportations thaïlandaises et un pour cent du produit intérieur brut.
La grippe aviaire est une maladie très contagieuse transmissible aux humains. Mais les risques d’importer le virus dans la viande ou dans les produits dérivés sont probablement très limités, la contagion se faisant par contact direct avec la volaille vivante, a estimé la Commission.
Alberto Laddomada, expert vétérinaire à la Commission européenne, a expliqué lors d’une conférence de presse que celle-ci voulait éviter que des poulets contractent la maladie en consommant des reliefs de repas à base de volaille thaïlandaise contaminée, même si la réglementation européenne interdit de nourrir des animaux avec des rebuts de la consommation humaine.
Risque d’apparition d’une nouvelle souche très virulente
L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), basée à Paris, a exhorté vendredi la Thaïlande à intensifier ses efforts de surveillance de la grippe aviaire et elle lui a proposé l’aide de son réseau de laboratoires.
L’Organisation mondiale de la santé s’est inquiétée de la situation.
Elle souligne dans un communiqué que les épizooties simultanées au Japon, en Corée du Sud, au Vietnam et maintenant en Thaïlande et au Cambodge sont « historiquement sans précédent » et elle s’inquiète de la possible apparition dans le monde d’une nouvelle souche de grippe, très virulente.
Cela risque d’arriver, explique-t-elle, si quelqu’un contracte simultanément les grippes humaine et aviaire, ce qui permettrait aux virus d’échanger des gènes et de donner naissance à une nouvelle souche facilement transmissible de personne à personne.
Jusqu’ici, rien de tel ne semble s’être produit, tous les cas connus ayant été infectés par contact direct avec des poulets.
Mais l’OMS avertit que l’élimination du virus H5N1 de la grippe aviaire doit « recevoir la plus haute priorité ».
L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’est également alarmée.
« Ceci confirme les craintes de la FAO, à savoir que la propagation de la grippe aviaire s’étend sur une large région », a déclaré He Changchui, responsable de la FAO pour l’Asie et le Pacifique.
Un responsable de l’OMS a déclaré qu’aucun cas de forme humaine de la grippe aviaire n’avait été signalé au Cambodge.
Le Cambodge a fermé ses frontières aux volailles et aux produits dérivés, mais dans un pays aussi pauvre, toute interdiction risque d’avoir des failles.
La grippe aviaire risque de ne pas être facile à éradiquer, son virus ayant muté depuis les épizooties de 1997 et 2003 à Hong Kong. Il peut en outre être propagé par les oiseaux migrateurs.
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Source : Reuters
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Office international des épizooties (OIE)
http://www.oie.int/
Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
http://www.fao.org
Organisation mondiale de la santé (OMS)
http://www.who.int/