Rôle essentiel des canards et de la riziculture dans les foyers de grippe aviaire

Publié: 28 mars 2008

Rome (Italie), 26 mars 2008 – Plutôt que les poulets, les canards, les hommes et les rizières seraient les principaux facteurs à l’origine des foyers du virus H5N1 hautement pathogène de la grippe aviaire en Thaïlande et au Viet Nam, et expliqueraient la persistance des foyers dans d’autres pays de la région comme le Cambodge et la RPD du Laos.

Dans l’article « Mapping H5N1 highly pathogenic avian influenza risk in Southeast Asia: ducks, rice and people », qui vient d’être publié dans le dernier numéro des Actes de l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis (PNAS), un groupe d’experts de la FAO et de centres de recherche associés a examiné une série de vagues d’influenza aviaire H5N1 hautement pathogène en Thaïlande et au Viet Nam de début 2004 à fin 2005.

Sous la direction de Jan Slingenbergh, vétérinaire en chef à la FAO, les chercheurs ont appliqué une technique de modélisation afin d’établir comment la conjugaison de différents facteurs – à savoir les nombres de canards, d’oies et de poulets, la taille des peuplements humains, les cultures de riz et la géographie locale – a contribué à la propagation du virus. Les effectifs de canards et d’êtres humains et l’étendue de la riziculture sont apparus comme les facteurs les plus significatifs, même si les deux pays avaient utilisé deux méthodes de lutte différentes contre les foyers.

Un lien étroit
L’article souligne le lien étroit existant entre les schémas de parcours des canards et l’intensité de la riziculture. Les canards se nourrissent essentiellement de résidus de grains de riz dans les rizières après la récolte, de sorte que les canards élevés en liberté dans les deux pays sont déplacés vers de nombreux sites différents en fonction de la récolte du riz.

En Thaïlande, par exemple, la proportion de canetons en troupeaux atteignait son paroxysme en septembre-octobre; ces canards en pleine croissance peuvent donc bénéficier à plein de la récolte de riz en novembre-décembre. Les canards à viande sont abattus autour du Nouvel An chinois, lorsque le volume des ventes, et partant, les mouvements de canards, augmentent considérablement.

Ces concentrations massives de canards sont signes d’augmentation des probabilités d’introduction et d’exposition au virus, lorsque les rizières deviennent souvent un habitat temporaire pour les espèces d’oiseaux sauvages.

L’utilisation de la cartographie par satellite de la riziculture, de l’intensité de culture et des parcours des canards a permis de définir ce schéma. Les recoupements effectués ainsi que la chronologie des foyers de la maladie ont aidé les scientifiques à établir avec précision les situations critiques où le risque HPAI était le plus élevé.

L’évolution pourrait devenir plus prévisible
Selon Slingenbergh, « nous avons désormais des connaissances beaucoup plus pointues sur les lieux et les périodes susceptibles d’être touchés par des flambées du virus H5N1, ce qui aide à cibler la prévention et la lutte. Qui plus est, avec la persistance du virus de plus en plus confinée à des zones de riziculture/élevage intensif de canards en Asie de l’Est et du Sud-Est, l’évolution du virus H5N1 pourrait devenir plus prévisible ».

La FAO estime qu’environ 90 pour cent des 1,044 milliard de canards domestiques au monde se trouvent en Asie, dont 775 millions (soit 75 pour cent) en Chine et au Viet Nam. La Thaïlande ne compte que quelque 11 millions de canards.

En Thaïlande, les déplacements de canards sur de longues distances ont régressé considérablement en 2005, car les éleveurs et les négociants étaient tenus de fournir un certificat sanitaire pour les animaux. Les mouvements locaux de canards ont diminué lorsque le gouvernement a commencé à offrir des mesures d’incitation pour l’élevage confiné, en subventionnant les aliments pour animaux et la construction d’enclos. L’association de ces mesures a bloqué le cycle de transmission du virus, et, depuis fin 2005, la Thaïlande n’a eu à déplorer que des foyers sporadiques.

Fin 2005, le Viet Nam a lancé une campagne nationale de vaccination de toutes les volailles, y compris dans le Delta du Mékong qui abrite 50 millions de canards. Cette mesure de grande envergure a été répétée en 2006/07. Au départ, les infections humaines ont disparu et les niveaux de la maladie chez la volaille ont chuté sensiblement. Ce n’est que graduellement que les virus H5N1 sont réapparus, principalement chez les canards non vaccinés, et plus particulièrement dans le Delta du Mékong.

M. Slingenbergh fait remarquer que l’on préconise désormais des interventions basées sur la connaissance des «points chauds» et des calendriers locaux de riziculture-élevage de canards afin de cibler la lutte contre la maladie et de remplacer la vaccination de masse sans discernement.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
http://www.fao.org

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