Québec (Québec), 28 novembre 2005 – On peut maintenant dire mission accomplie pour les producteurs de bovins du Québec qui viennent de signer le contrat d’acquisition des entreprises Levinoff-Colbex, le plus important plan d’abattage et de transformation de vaches de réforme de l’est du Canada. Ainsi, un an presque jour pour jour après avoir signé une entente de principe, les producteurs concrétisent la transaction qui leur permettra de devenir, dès le 1er janvier 2006, propriétaires à 80 % d’une nouvelle société en commandite possédant les actifs de Levinoff-Colbex. Les autres 20 % seront détenus par les membres des familles Cola et Dubé qui demeureront également gestionnaires de l’entreprise.
« Nous sommes fiers d’avoir réussi à finaliser cette transaction qui sera déterminante pour l’avenir de la mise en marché des bovins de réforme au Québec. Grâce à cette acquisition, les producteurs sont maintenant assurés d’obtenir le maximum que le marché peut offrir pour leurs bovins, tout en pouvant récupérer une partie des bénéfices reliés aux opérations d’abattage et de transformation » ont déclaré conjointement le président de la Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ), M. Michel Dessureault, le président de la Fédération des producteurs de lait du Québec (FPLQ), M. Marcel Groleau et le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), M. Laurent Pellerin, réunis aujourd’hui à Québec, en point de presse, en présence de M. Laurent Lessard, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.
Le ministre Laurent Lessard s’est, pour sa part, dit très heureux du fait que les productrices et les producteurs puissent maintenant disposer d’un outil précieux qui leur procurera un plus grand pouvoir sur le développement de leur industrie. « Depuis la mise en place à l’initiative du Québec du programme de soutien des prix, en décembre 2004, c’est plus de 19 millions de dollars qui ont été accordés aux producteurs québécois par les gouvernements de Québec et d’Ottawa pour les aider à améliorer leur situation financière. En août dernier, le consentement d’un prêt par Investissement Québec de 19 millions de dollars à la Fédération des producteurs de bovins du Québec venait compléter les mesures pour aider l’industrie à faire l’acquisition d’un abattoir et d’une salle de coupe », a rappelé le ministre Lessard. Il a également souligné la qualité du travail de collaboration qui s’est établie entre les différents acteurs et s’est dit persuadé qu’ensemble, ils participent à une solution durable appliquée selon le mode gagnant-gagnant.
Le président de la FPBQ, M. Michel Dessureault, s’est dit particulièrement heureux de l’entente intervenue. « Nous avons non seulement réussi à franchir les nombreuses étapes menant à la signature finale, mais nous sommes également parvenus à développer un solide partenariat avec les membres des familles Cola et Dubé, qui assureront la gestion quotidienne de l’entreprise. » Car, si les producteurs trouvent leur compte dans leur nouvelle acquisition, le président de la FPBQ tient à souligner que l’entreprise pourra également bénéficier d’un approvisionnement stable et permanent en bovins de réforme du Québec, grâce à la mise en place d’un canal unique de vente.
L’investissement des producteurs s’élève à 6 millions de dollars, à raison de 20 $ par vache réformée. Avant même d’avoir mis les pieds dans l’abattoir, les démarches menant à l’acquisition de Levinoff-Colbex ont permis aux producteurs du Québec de recevoir, en 2005, quelque 35 millions de dollars en ajustement de prix, dont 16 millions de dollars provenant directement d’une hausse graduelle et convenue du prix des vaches de réforme, et de 19 millions de dollars en aide financière gouvernementale ponctuelle. Ainsi, au cours de l’année 2005, les producteurs du Québec ont reçu en moyenne 500 $ pour chacune de leurs vaches (toutes catégories confondues), alors qu’en Ontario, ce prix moyen s’établit à 375 $ et à 293 $ en Alberta. Rappelons qu’il y a un an, les producteurs québécois recevaient à peine 250 $ par vache.
Pour le président de la FPLQ, M. Marcel Groleau, « C’est grâce à la mobilisation des producteurs et à l’appui du gouvernement du Québec que le secteur québécois des vaches de réforme a pu obtenir un meilleur prix et mieux faire face à la crise. Cette entente fait réellement une différence pour les producteurs. » Le président ajoute que l’acquisition de l’abattoir constitue un geste structurant pour le secteur des bovins de réforme parce qu’il permet aux éleveurs de s’impliquer dans la transformation et garantit la présence à long terme, au Québec, d’un abattoir. M. Groleau rappelle toutefois que les impacts de cette crise se font toujours sentir pour les producteurs de lait touchés, puisque l’embargo des États-Unis sur les exportations de bovins de réforme de plus de 30 mois et des bovins de reproduction est toujours en place et que les prix du marché ne sont toujours pas revenus à leurs niveaux d’avant mai 2003.
Pour le président de l’Union des producteurs agricoles, M. Laurent Pellerin, voilà un autre exemple où l’action syndicale a porté fruits. « L’acquisition de Levinoff-Colbex représente une véritable réussite collective qui fait l’envie de bien des producteurs canadiens. Encore une fois, les producteurs et les productrices agricoles démontrent combien ils sont déterminés à aller chercher un revenu juste et équitable dans le marché. Pour ce faire, toutes les solutions les plus innovatrices doivent être envisagées. Et en ce sens, la démarche de prise en charge des producteurs de bovins a ouvert la voie à cette grande marche vers l’équité. »
Les trois représentants agricoles ont également tenu à souligner le travail et l’appui du gouvernement du Québec dans le dossier. Cet accompagnement s’est reflété tout au long du processus et a permis, entre autres, aux producteurs de finaliser le montage financier avec succès, grâce à la participation d’Investissement Québec.
Maintenant, pour consolider la situation financière de leur entreprise et permettre à l’abattoir d’être en mesure de faire face aux différentes éventualités, les producteurs de bovins du Québec ont également déposé une demande d’aide dans le cadre du Programme d’aide financière pour les abattoirs de ruminants du gouvernement fédéral. Pour l’instant, les discussions se poursuivent et les producteurs du Québec sont confiants qu’Ottawa donnera le coup de pouce nécessaire à la démarche de prise en charge des producteurs de bovins du Québec.
En guide de conclusion, le ministre Laurent Lessard a mentionné que l’une des missions du gouvernement consistait à favoriser le plein développement économique régional. « Le Québec doit donc compter sur un secteur bioalimentaire en santé, capable de surmonter les difficultés auxquelles il fait face tout en augmentant son autonomie. C’est dans cet esprit que l’aide gouvernementale a été attribuée aux productrices et aux producteurs. Rappelons que ce secteur fournit de l’emploi à plus de 430 000 personnes et compte pour plus de 10 % des emplois dans les régions du Québec. »
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ)
http://www.bovin.qc.ca/
Fédération des producteurs de lait du Québec
http://www.lait.org
Ministère de l’agriculture des pêcheries et de l’alimentation du Québec (MAPAQ)
http://www.mapaq.gouv.qc.ca
Union des producteurs agricoles (UPA)
http://www.upa.qc.ca/
À lire aussi

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault
Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.