Biochar : une innovation aux nombreuses vertus

Le biochar capte le carbone tout en offrant des applications pratiques sur les fermes

Publié: il y a 1 jour

Le biochar est issu de la biomasse.

Une start-up norvégienne mise sur un produit simple – une fine poudre noire issue de biomasse – pour transformer l’agriculture. Son objectif : renforcer la santé intestinale du bétail, rendre les sols plus résilients et contribuer à la réduction des gaz à effet de serre.

Du bois mort transformé en allié durable pour l’agriculture

Dans un contexte où la réduction de l’usage des antibiotiques et la restauration des sols sont devenues essentielles, les producteurs recherchent de nouveaux outils. Obiochar, située à 120 km au nord d’Oslo, en Norvège, propose une solution : le biochar.

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Issu de la pyrolyse de biomasse (des arbres morts inutilisables par l’industrie forestière), ce matériau capte durablement le carbone tout en offrant des applications pratiques sur les fermes.

« Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, nous avons besoin d’émissions négatives. Le biochar en est un outil concret : il stocke le carbone sous une forme stable qui restera dans le sol pendant des millénaires », explique Einar Stuve, PDG d’Obiochar, lui-même agriculteur.

Stockage du carbone

Le processus de pyrolyse chauffe la biomasse à environ 650°C dans un environnement pauvre en oxygène. Résultat : une tonne de biochar peut retenir l’équivalent de trois tonnes de CO2 qui ne seront pas libérées dans l’atmosphère.

La chaleur produite est récupérée et vendue à une usine voisine, ce qui rend l’opération énergétiquement efficace et financièrement viable. L’entreprise tire également 25% de ses revenus de la vente de crédits carbone.

Alimentation animale et gestion des sols

Si le biochar est connu depuis longtemps, Obiochar innove en développant deux usages complémentaires :

  1. Amélioration de la santé animale : incorporé dans l’alimentation, il lie les toxines et agents pathogènes dans l’intestin, créant un environnement digestif plus sain.
  2. Amendement des sols : il améliore la rétention d’eau, soutient la vie microbienne et augmente la résilience face à la sécheresse.

« Chez les porcelets, nous avons observé une meilleure santé intestinale, un gain d’un kilo supplémentaire et une mortalité plus faible », précise Kristina Alme Gardli, responsable du développement produit.

Les veaux recevant du lait enrichi au biochar présentent un pelage plus brillant et moins de troubles digestifs. Volaille, agneaux et bovins laitiers montrent également une réduction de l’inflammation intestinale et une amélioration générale de leur état de santé.

Essais concluants et marché en croissance

Obiochar a déjà mené 29 essais sur le terrain et deux essais cliniques en Norvège, en collaboration avec des partenaires majeurs : Tine, un transformateur laitier, le producteur de denrées alimentaires Nortura appartenant à des agriculteurs, les fournisseurs d’intrants Norgesfor et Strand, et la société de génétique laitière Geno.

Les résultats sont encourageants, mais deux freins subsistent, soit la méconnaissance du produit et un coût initial sans retour immédiat sur les rendements des cultures.

« Si un sol est déjà bien fertilisé et équilibré, le biochar ne procure pas de hausse immédiate des rendements. Les agriculteurs attendent souvent ce type de résultat pour justifier l’investissement », souligne Einar Stuve.

Pour accélérer son adoption, le gouvernement norvégien vient d’augmenter les subventions destinées aux producteurs. Obiochar, qui produit actuellement 600 tonnes par an, prévoit d’élargir sa capacité au fur et à mesure que la demande progresse, ce qui devrait faire baisser les coûts.

« Peu de technologies offrent aujourd’hui des émissions négatives. Le biochar aide le climat, mais il aide aussi les agriculteurs : des sols plus fertiles, des animaux en meilleure santé et une façon intelligente de réduire les déchets », conclut Einar Stuve.

Cet article de Lilian Shaer publié dans Farmtario a été traduit et adapté par Le Bulletin des agriculteurs.

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