Crise aviaire en France : 8000 à 10 000 emplois menacés, selon les professionnels

Publié: 6 mars 2006

Nantes (France), 3 mars 2006 – La filière avicole française pourrait perdre 8 000 à 10 000 emplois dans les prochains mois du fait de l’aggravation de la crise aviaire, selon industriels et syndicats qui ont appelé gouvernement et collectivités à l’aide.

Ces 8 000 à 10 000 emplois menacés sont notamment des « non renouvellements des contrats et des arrêts d’exploitations » et représentent environ 15% des quelque 60 000 emplois de la filière avicole française, a expliqué Gilles Huttepain, directeur général de l’entreprise LDC, l’un des principaux groupes volaillers français.

M. Huttepain participait vendredi à une réunion d’urgence rassemblant à Nantes les dirigeants d’une quinzaine de syndicats professionnels et de grandes entreprises de la filière avicole avec les représentants de six régions du grand Ouest –Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Centre, Limousin, Aquitaine et Bretagne– qui représentent 70% de la production avicole française.

Cette première estimation par les professionnels de l’impact de la crise aviaire sur l’emploi, confirmée vendredi par la FNSEA, « n’est pas un chiffre précis, c’est un ordre d’idées », a précisé M. Huttepain.

Les volaillers ont déjà supprimé depuis le début de l’année la quasi-totalité de leurs emplois intérimaires ou en CDD –plus de 1.500, selon les chiffres partiels rendus publics– et ont commencé à annoncer des mesures de chômage partiel.

Le groupe breton Doux, numéro un européen de la volaille, va ainsi mettre 500 à 600 salariés –15% de ses effectifs en France– au chômage par roulement jusqu’à l’été, et LDC, basé dans la Sarthe, n’a pas caché qu’il serait amené à prendre des mesures similaires si la crise se poursuivait au-delà de fin mars.

Moins visible parce que les entreprises y sont beaucoup plus petites, la crise s’est répercutée en amont chez les éleveurs et les producteurs de poussins qui ont eux aussi massivement réduit leur activité et supprimé les emplois précaires.

Les industriels évaluent entre 25% et 40%, selon les produits, leur baisse d’activité depuis la découverte du premier cas de grippe aviaire dans l’Ain il y a deux semaines, entraînant une baisse de la consommation en France et la fermeture des marchés à l’exportation de 45 pays.

Près de 30 000 tonnes de volailles sont stockées en chambres froides, ont-ils rappelé, en évaluant les pertes actuelles de la filière avicole à environ 40 millions d’euros par mois.

Soulignant l’urgence d’un effort important de communication pour relancer la consommation, ils ont obtenu des six régions présentes à Nantes une première aide d’un million d’euros pour l’organisation d’animations destinées à rassurer les consommateurs dans les grandes surfaces et sur les marchés.

« Les régions vont aussi mettre en place un fonds d’urgence pour permettre l’accompagnement et la prise en charge des salariés qui vont être licenciés », a indiqué Ségolène Royal, présidente PS de la région Poitou-Charentes.

« Nous allons aussi faire une démarche collective auprès du gouvernement pour que les aides arrivent rapidement », a-t-elle ajouté, faisant allusion aux 52 millions d’euros promis par le Premier ministre Dominique de Villepin mais que la filière attend toujours.

Par ailleurs, des restrictions aux exportations françaises de produits avicoles ont été décidées par 46 pays (tous hors Union européenne), et plusieurs grands clients de la France, dont l’Arabie Saoudite, ont réduit leurs commandes, a-t-on indiqué vendredi au ministère du Commerce extérieur.

Les seules mesures d’embargo réduisent de 14% les exportations totales de viande de volaille françaises et de 10% celles de volailles vivantes, a expliqué le ministère, mais l’impact total de la grippe aviaire est supérieur en raison des baisses globales de commandes.

Les mesures d’embargo diminuent surtout de 33% les exportations hors Union europénnes de viandes de volaille et de 44% les exportations hors UE de volailles vivantes, a-t-on précisé de même source.

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Source : AFP