Paris (France), 26 juillet 2004 – La bataille sur les OGM a repris en France où un rapport d’experts affirme que les organismes génétiquement modifiés pourraient être bénéfiques pour la santé, alors que les écologistes se sont de nouveau attaqués à des champs de maïs modifié.
Emmenés par leur leader emblématique, José Bové, un milliers de militants anti-OGM, parmi lesquels plusieurs élus des Verts français, ont arraché ce week-end dans le sud-ouest du pays un champ de maïs OGM expérimental cultivé pour le compte de la société américaine Pioneer.
José Bové a qualifié d’« acte de désobéissance civile » cet arrachage qui s’est déroulé sous le regard d’une trentaine de gendarmes qui ne sont pas intervenus, se bornant à prendre des photos et relever les numéros d’immatriculation des voitures des participants.
La société Pioneer a porté plainte lundi pour les dégradations subies, ont indiqué les gendarmes.
Ces militants, pour la plupart des écologistes et des altermondialistes venus de toute la France, regroupés dans un « collectif des faucheurs d’OGM », risquent jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.
Le dirigeant des Verts français Noël Mamère, qui a déjà défrayé la chronique en célébrant début juin le premier mariage homosexuel, illégal en France, a affirmé qu’il s’agissait d’une « action légitime ». « Nous refusons que la loi serve des intérêts privés », a-t-il dit.
De son côté, le Parti socialiste, principal parti de l’opposition et allié des Verts, s’est toutefois démarqué de cette forme d’action « provocatrice », « notamment de la part des élus ».
Mais fort du soutien de l’opinion française, massivement opposée aux OGM, José Bové qui avait passé un mois un demi en prison l’été dernier pour l’arrachage sauvage d’OGM, a assuré que « nous sommes prêts à subir les conséquencese nos actes », et annoncé d’autres actions similaires « dans les semaines à venir ».
Cette escalade intervient alors qu’un rapport d’experts a jeté un pavé dans la mare en affirmant que des OGM non seulement ne présentent pas de dangers prouvés pour la santé, mais pourraient même être bénéfiques, justifiant implicitement les essais.
Dans leur étude, les experts de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), concluent que le maïs et le coton modifiés pour résister aux insectes, la betterave OGM tolérante à un herbicide et le riz transgénique enrichi en vitamine A peuvent « apporter des bénéfices pour la santé humaine ».
Ils citent à l’appui de leurs conclusions, la moindre utilisation d’herbicides ou d’insecticides, ou la réduction de certaines carences nutritionnelles dans les pays en développement grâce au riz enrichi en vitamine A.
Ils font valoir, dans leur rapport mis en ligne la semaine dernière par l’Afssa (www.afssa.fr), que « dans l’immédiat, les bénéfices, contrairement aux dangers, sont identifiés ».
Prudents, ils soulignent cependant que si aucun problème de santé n’a pu être spécifiquement attribué à un OGM mis sur le marché, « cela n’exclut pas qu’il puisse exister un risque, mais aujourd’hui celui-ci ne peut être ni précisément identifié, ni a fortiori quantifié ».
Ces conclusions vont dans le sens des avis émis en 2002 –et décriés à l’époque– par les Académies des sciences et de médecine, et de la position des autorités européennes, qui s’apprêtent à autoriser la commercialisation du maïs transgénique du géant agro-alimentaire américain Monsanto, après avoir levé le moratoire européen sur les nouveaux OGM.
Elles vont toutefois à l’encontre de l’opinion européenne, majoritairement hostile, en raison de « risques », aux OGM, couramment utilisés notamment aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil ou en Chine.
Le gouvernement espagnol vient de demander l’avis de « chercheurs indépendants » sur les risques des cultures d’OGM, très développées en Espagne par l’ancien gouvernement conservateur et « sur lesquelles la communauté scientifique ne parvient pas à tomber d’accord ».
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Source : AFP