Ouranos prévoit des impacts notables sur l’agriculture en raison des changements climatiques

L’organisme a émis neuf message clefs dans un récent rapport, dont un porte sur l’agriculture québécoise

Publié: 9 août 2022

Ouranos prévoit des impacts notables sur l’agriculture en raison des changements climatiques

Dans environ une génération, soit 2050, l’agriculture québécoise aura été nettement modifiée par les changements climatiques, rapporte Ouranos, un phénomène déjà perceptible sur entre autres l’évolution des cultures au Québec.

Cet avis fait partie de neuf messages clés du Chapitre Québec, dont la teneur a été communiqué ce mardi. Ils proviennent du rapport Le Canada dans un climat changeant : perspectives régionales. Les impacts sur la société, l’environnement, l’énergie et le tourisme sont abordés, mais aussi la disponibilité et la qualité de l’eau, la biodiversité, la forêt et la pêche.

Ouranos indique au sujet de l’agriculture que « les secteurs agricoles et des pêches observeront des gains et des pertes : impacts sur les possibilités et risques relatifs à la croissance des cultures, les risques de mortalité hivernale, les ennemis des cultures en croissance ».

À lire aussi

Ouranos prévoit des impacts notables sur l’agriculture en raison des changements climatiques

C’est bientôt la Tournée des grandes cultures

La Tournée des grandes cultures, dont le but est d’évaluer le potentiel de rendement du maïs et du soya, aura lieu cette année le 19 août dans plusieurs régions du Québec.

Les principaux impacts des changements climatiques sont les suivants : hausse des températures, augmentation de la fréquence de perturbations naturelles (sécheresses, épidémies d’insectes, etc.), allongement de la saison de croissance et de la saison sans gel, modification de certaines variables physico-chimiques de l’eau.

Au Québec, de nouvelles conditions climatiques pourraient favoriser la croissance de certaines cultures. Celles de maïs-grain et du soya pourraient se développer plus au nord, tout comme la zone de production commerciale de pommes, ce qui pourrait avantager la position concurrentielle du Québec pour ces productions.

La mortalité hivernale des cultures pérennes devient, par contre, un enjeu. Les gains anticipés pourraient de plus être limités en raison d’événements climatiques extrêmes plus fréquents, tout comme la pression croissante exercée par des ennemis des cultures, ainsi que de potentiels stress hydriques. Les animaux d’élevage pourraient aussi être affectés par les vagues de chaleur et, indirectement, par la diminution de la productivité de certaines cultures fourragères.

Ouranos indique que « la réalisation du plein potentiel de croissance de certaines cultures associées aux changements climatiques passent, entre autres, par une adaptation des pratiques culturales, telles que la modification des dates de semis et de récoltes, l’augmentation du nombre de récoltes pour les cultures fourragères, le développement des régions ayant de nouveaux potentiels culturaux ou encore l’utilisation de cultivars et d’hybrides mieux adaptés au climat futur ».

Les changements climatiques devraient aussi favoriser l’apparition et la prolifération d’espèces envahissantes venant du sud ou amenées par le biais des marchandises. Les milieux humides seront également sous pression, ce qui met en péril leur rôle de « tampon » sur le système hydrique. Ils contribuent en effet à réguler le débit des rivières, la qualité des eaux de surface et souterraines en filtrant les sédiments, tout en protègent les berges contre l’érosion.

Il est aussi écrit dans le rapport d’Ouranos que les systèmes écologiques subiront de grandes transformations d’ici la fin du siècle. De nombreuses espèces fauniques et floristiques devraient migrer vers le nord.  « Les niches bioclimatiques du Québec pourraient se déplacer d’environ 45 km par décennie, ce qui est très rapide », pour une distance totale de 500 km d’ici 2100, souligne le rapport. En plus de déplacement de certains espèces animales et végétales, des virus devraient se propager, tel que le virus du Nil. Des espèces n’auront pas la capacité de s’adapter aussi rapidement et les plus fragiles pourraient disparaitre. Les forêts québécoises verraient l’érable à sucre se déplacer vers le nord, tandis que les habitats d’épinette noire diminueraient considérablement.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.