
Lors de la prochaine édition des Perspectives agroalimentaires 2025, Guillaume Lavoie, entrepreneur en politiques publiques et membre associé, Chaire Raoul-Dandurand, donnera une conférence ayant pour titre Tu parles d’un monde : les grandes tendances géopolitiques de notre temps est vaste. Le Bulletin des agriculteurs a voulu en savoir un peu plus sur sa perception de l’agriculture à travers le prisme de la globalisation.

Bulletin : On doit tous manger et donc le secteur agricole est essentiel pour l’humanité. Au moment où on se parle, d’un point de vue macroéconomique, quelle est votre vision sur cette question?
Guillaume Lavoie : Le secteur agricole, plus que tout autre, est incroyablement impacté par les événements internationaux, que ce soit sur le prix des intrants ou le prix des marchés, on l’a vu avec la guerre en Ukraine, ça peut être aussi un phénomène climatique comme une sécheresse. Il y a aussi des conséquences collatérales, par exemple, si les États-Unis sont sous le coup de tarifs importants de la Chine et qu’ils vendent moins de soya, cela fera bouger le prix sur les marchés, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Donc, le secteur agricole est très exposé à toutes sortes de facteurs sur lesquels il a peu ou pas de prise.
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Au Canada, nous subissons un bouleversement lié aux droits de douanes que veulent imposer les États-Unis aux produits canadiens. En réaction, les gouvernements de notre pays nous invitent à consommer des produits canadiens. Au chapitre agroalimentaire, est-ce que cela peut être une occasion d’affaires?
Au-delà des politiques publiques et de l’encouragement des gouvernements à acheter canadien, ce que je sens et qui est différent, c’est qu’il y a une volonté partagée chez le consommateur de poser des choix pour manger local. Je considère que c’est un vent dominant très important, mais pour le maintenir, il faut que les consommateurs puissent faire des choix éclairés, et donc l’étiquetage et la bonne définition de ce qui est local doivent être définis, ce qui n’est pas toujours le cas.
À votre avis, est-ce que dans le contexte actuel avec les États-Unis, la gestion de l’offre dans le secteur agricole peut-être encore envisageable?
La pression sur la gestion de l’offre n’est pas nouvelle, mais va probablement s’accroître. Il y a des États clés républicains comme le Wisconsin, grand producteur de lait, qui vont sans doute se tourner vers Washington pour que le Canada abandonne la gestion de l’offre. C’est là que le secteur agricole, sans faire de la politique fiction, pourrait tisser des liens stratégiques avec des secteurs où nous avons un rapport de force supérieur avec nos voisins du Sud, comme l’énergie ou les métaux stratégiques. On ne voudrait pas que ces derniers disent aux autres, nous nous avons des ententes avec les Américains alors, arrangez-vous… Trump utilise les tarifs comme une arme de négociation massive et il change constamment ses demandes, donc il faut faire front commun.
Grâce à son électricité bon marché, au Québec, quelles sont les meilleures options pour développer une industrie agroalimentaire durable et performante?
Nous sommes le Moyen-Orient de l’électricité. C’est une extraordinaire richesse, mais elle reste tout de même limitée, alors il va falloir faire des choix importants et difficiles : est-ce qu’on l’exploite pour notre consommation, pour nos industries, pour l’exportation?
Si on regarde le Québec, tous les kW heures ne sont pas égaux entre eux comme créateurs d’emplois : on peut ouvrir un centre de données ou offrir des rabais aux serres agricoles? C’est un choix que nous devrons faire dans cette période d’incertitude.
L’évènement Les Perspectives agroalimentaires 2025 du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) aura lieu le 23 avril prochain à Drummondville. Cliquez ici pour consulter la programmation.
*Cet article est issu d’une collaboration entre le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) et Le Bulletin des agriculteurs.
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