Quiconque compare les unités thermiques maïs (utm) attribuées aux hybrides à leur teneur en eau (TEE) à la récolte se rend compte qu’il existe des incohérences entre les deux valeurs. Je prends pour exemple l’essai maïs du Réseau grandes cultures du Québec (RGCQ) de la zone 2500-2699 utm en 2023 (voir le graphique ci-dessous).
En effet, la relation entre la TEE et les utm accordées aux hybrides n’est pas linéaire. Or, cette situation s’observe dans la plupart des essais d’hybrides. Pourtant, les semencières ne ménagent pas les efforts pour arriver à une cote de maturité. Cependant, la caractérisation de la précocité des semences de maïs est un défi de taille. Par surcroit, les utm, bien que très pratiques pour suivre les génotypes, n’explique pas parfaitement la croissance du maïs.

La précocité du maïs est programmée par trois étapes de croissance distinctes.
- L’initiation du stade reproductif, en juin, et l’apparition des organes reproducteurs qui en découle, à la mi-juillet.
- La fin du cycle vital, marquée par l’apparition du point noir en septembre.
- La capacité de séchage au champ qui détermine la TEE à la récolte.
Chacune de ces trois étapes est influencée par le bagage génétique de l’hybride et les conditions de croissance où il est semé. En somme, on tient compte de chacune de ces trois étapes lors de l’attribution d’une cote de maturité. Voyons de plus près comment, à chaque étape, la précocité des hybrides peut varier.
Lorsque les plantules de maïs émergent, elles sont insensibles à la photopériode pendant quelques semaines. Puis, vers V3-V4, tout dépendant de la précocité de l’hybride, elles perçoivent la longueur des journées et cessent, vers V6, de produire de nouvelles feuilles pour former la panicule. Ainsi, un génotype précoce produira quelques feuilles en moins qu’un hybride plus tardif. Ensuite se forment des bourgeons d’épi qui se situent sur environ sept nœuds consécutifs.
À lire aussi

Les risques du métier de producteur de maïs
Visiter un champ de maïs à sa pleine hauteur peut sembler anodin, mais cette activité comporte plusieurs risques de blessures et d’impacts sur la santé à plus long terme.
Toutefois, c’est normalement l’épi supérieur qui se développe. Bien que le déclenchement de la floraison est fortement contrôlé par la génétique, l’environnement peut quand même agir sur la précocité relative de l’hybride. Par exemple, certains hybrides peuvent accuser un retard de croissance à cause d’une levée tardive, d’un stress d’herbicide ou d’une mauvaise réaction au temps froid et nuageux.
La période du remplissage du grain, qui va du stade R1 au stade R6, se déroule en 60 jours, en moyenne, quoiqu’il y ait ici aussi des différences entre les hybrides. Au cours de cette étape du développement, la présence de maladies ou de conditions sèches peuvent devancer la maturité physiologique alors que du temps nuageux peut la ralentir. En fait, durant les dernières semaines du cycle vital, beaucoup de facteurs peuvent devancer ou retarder la maturation, accentuant ainsi les différences de maturité.
Une fois le cycle biologique du grain de maïs terminé, la TEE se situe autour de 30 à 33%. À partir de ce moment jusqu’à la récolte, chaque hybride affichera une courbe de séchage qui lui est unique. La relation entre la maturité physiologique des hybrides et leur TEE à la récolte. Or, cette relation est d’autant plus faible lorsque les conditions de séchage sont bonnes s’atténue lorsque les conditions de séchage sont bonnes.
Les hybrides qui ont les spathes courtes et relâchées sèchent plus rapidement. Par ailleurs, les petits grains, qui présentent un rapport superficie/volume plus élevé, vont également sécher plus vite. Il en va de même pour les grains moins denses ou plus poreux, mais ils ont souvent un poids spécifique plus faible.
En résumé, pour bien connaître la précocité des hybrides, il faut noter leur date de floraison en juillet, observer la ligne d’amidon en septembre et, bien sûr, tenir compte de leur teneur en eau à la récolte.
Pour lire d’autres blogues de Jean-Marc Montpetit, cliquez ici.