Dans mon dernier billet sur ce blogue (J’aime le soya!), je faisais mention que les astres étaient bien alignés pour qu’on profite de meilleurs prix dans le soya au cours des prochains mois. Essentiellement…
- Les inventaires et la disponibilité de soya demeurent serrés aux États-Unis pour cette année.
- La trituration de fève roule à plein régime.
- Les exportations américaines ont repris « un peu » de vigueur.
Mais, et surtout, lorsque j’ai écrit ce billet il y a bientôt un mois, la météo faisait des siennes du côté du Brésil. Les conditions étaient excessivement sèches dans le nord et trop humides dans le sud.
Ceci aura d’ailleurs permis à ce moment au prix du soya à Chicago de défier la tendance baissière de fond en place depuis l’été 2022. Il a alors atteint son plus haut niveau depuis le début de septembre dernier à 14,00 $US/bo; au Québec 650 à plus de 670 $CAN/tonne à la ferme (selon les régions).
Par contre, comme on pouvait s’y attendre « un peu », l’arrivée de précipitations depuis une semaine dans certaines régions asséchées du Brésil aura eu l’effet d’une douche froide sur les prix.
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Plus de maïs québécois d’exporté cette année?
On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
Nous sommes ainsi de retour autour de 13,00 $US/bo à Chicago, et moins de 620-630 $CAN/tonne à la ferme au Québec (selon les régions).

Si vous jetez un coup d’œil au graphique ci-joint, bien qu’elle soit maintenant brisée, on constate que dans une certaine mesure la tendance baissière de fond en place depuis 2022 reste à l’ordre du jour. Si la météo continue de prendre du mieux du côté du Brésil, nous pourrions donc voir le prix continuer de s’effriter vers 12,50 $US/bo. En principe, ceci laisse miroiter aussi qu’au Québec, nous risquons de voir le prix flirter alors autour de 600 $CAN/tonne.
Devant cette situation, est-ce dire qu’on doit jeter l’éponge et envisager que le marché du soya n’a plus rien à offrir? À mon avis, il est prématuré de dire que ce soit le cas.
Bien qu’elles s’améliorent, les conditions restent loin d’être parfaites du côté du Brésil. Certaines régions demeurent très sèches, spécialement dans le nord du pays. De plus, nous sommes encore loin de la ligne d’arrivée des récoltes avec bien des imprévus météo qui peuvent affecter les rendements d’ici là.
À court terme, il faudra cependant probablement s’armer de patience puisqu’on prévoit encore des précipitations dans la plupart des régions du Brésil pour conclure le mois de décembre. Elles devraient également se poursuivre en janvier prochain si on se fie aux prévisions à long terme actuelles. Ceci risque de continuer de faire pression à la baisse sur le prix du soya à Chicago.

Par contre, à moyen terme, les conditions semblent s’assécher de nouveau en février prochain au Brésil au moment du remplissage des gousses. Ensuite, on retrouve de nouveau des précipitations plus importantes à partir de mars, ce qui risque d’affecter les récoltes.
Tout ceci reste très « hypothétique » vous me direz, et avec raison. La météo a cette capacité de surprendre à tout moment, rappelant que même les ordinateurs et modèles les plus sophistiqués ne sont pas parvenus à vraiment bien l’apprivoiser, surtout à long terme.
Et c’est bien là qu’on peut s’attendre à voir le marché du soya bondir de nouveau. Assurément, il y aura des imprévus météo au cours des prochaines semaines, et le prix du soya en profitera pour grimper de nouveau. Ce pourrait cependant être alors des opportunités à ne pas manquer, puisqu’on prévoit aussi pour l’instant une bonne augmentation des superficies semées en soya aux États-Unis l’an prochain. Si c’est bel et bien le cas, dès le mois de mars prochain, le marché du soya risque d’avoir de nouveau du plomb dans l’aile.
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