Il fut un temps où je reliais automatiquement gestion du risque et gestion de mon plan de commercialisation. Un peu comme s’il n’y avait que l’énigmatique CME à dompter. J’ai compris au fil du temps que l’objectif ultime, c’est de bien connaître notre ferme et surtout la modeler pour se donner la capacité de capturer les opportunités qui nous permettent d’atteindre notre marge bénéficiaire visée.
On a graduellement développé cette approche avec la gestion de nos champs. Pour commencer, on s’est organisé pour bien caractériser le potentiel de nos champs. Dépendamment de nos types de sols, on a sorti deux grandes catégories : nos sols travaillants et nos sols paresseux. Un travaillant, c’est un champ qui peut donner plus de 75% de son rendement maximum avec 50 unités d’azote (N) seulement, tandis qu’un paresseux sortira en bas de 50% du rendement maximum.
L’étape suivante, c’est de trouver pourquoi certains sont paresseux et ensuite apporter les correctifs nécessaires. Au cours des sept dernières années, on s’est amusé à collecter des données de résultats de rendements relatifs de nos champs de maïs. Pourquoi le maïs? Parce que c’est la culture la plus plastique et apte à répondre à la fertilisation azotée.
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Quand il y a plus de sièges disponibles que d’opérateurs
Dans certaines périodes intenses, comme celle-ci, on a l’impression qu’il y a plus de tâches que de ressources humaines. Tout devient une gestion des priorités.
L’idéal, c’est de commencer lentement sur des petites parcelles d’évaluation et d’avoir au minimum trois répétitions pour s’assurer d’obtenir une tendance valable statistiquement qui permettra d’éviter de prendre des risques inutiles. On l’a répété plusieurs années chez nous pour bien effectuer nos suivis et arriver à une fertilisation sécuritaire selon nos résultats antérieurs.
Il faut aussi viser une performance à long terme de la stabilité de nos résultats. Malheureusement, on a souvent tendance à se souvenir de l’année où ça ne fonctionne pas bien. C’est normal, on ne veut pas de rendement en bas de notre potentiel, mais on a tendance à oublier d’évaluer le coût additionnel et parfois même la perte économique quand on applique trop d’azote seulement pour s’assurer du rendement maximum.
Il y a plusieurs facteurs à mesurer pour s’assurer que notre couvert nous donnera assez de fertilité N disponible pour l’année suivante. Résultats : six années sur sept, notre dose économique optimum sécuritaire se situe à environ 130 unités N total. Trois d’entres elles nous ont donné des performances optimales avec seulement 50 unités N au démarrage.
Pour réussir avec 50 N :
-Bon couvert uniforme de légumineuse à l’automne.
-Plus de 20 ppm N dans le sol fin juin (15 ppm pour les plus sportifs).
-Avoir assez de données chez nous pour nous permettre d’y aller sans prendre de risque inutile… et dormir la nuit.
En fait, ça ressemble aux conditions gagnantes d’un bon plan de commercialisation. Connaissances, objectifs, discipline, éviter le haut et les bas et bien gérer le risque nous garantissent des résultats dans le vert.
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