Réussir le blé d’hiver par défi, et non par dépit

On a changé notre approche et on s’est organisé pour penser en dehors de la boîte

Publié: 1 mars 2022

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Blé d'hiver chez Paul Caplette.

On a commencé à vouloir changer notre système de culture en 2001. Après analyse de plusieurs scénarios, on arrivait à la conclusion qu’il fallait ajouter des cultures d’hiver. Comment ? En semant du blé d’hiver. Pas une grande surface, juste assez pour vérifier et mesurer le potentiel de la culture. Certains agronomes nous ont mentionné : « Selon ce qu’on observe comme résultat statistique… Paul du blé d’hiver sur la Rive-Sud, c’est pratiquement impossible! » Ah ouin? Une incertitude de plus et on a quand même semé du blé d’hiver.

Résultat de l’an #1 : désastre. Rien pantoute. L’agronome avait raison, les incrédules aussi. On avait quand même observé des choses intéressantes et on a décidé de voir ce qu’on pouvait faire de plus pour s’assurer de réussir cette culture. Premièrement, on a réalisé qu’on ne connaissait pas les besoins agronomiques de cette culture, comparativement à toute l’énergie et les soucis du détail qu’on mettait pour le maïs-grain et le soya.

Pensez-y! Combien d’entre nous sommes capables de connaître notre population en plants/ha de notre maïs-grain? De notre soya? Avec toutes sortes de techniques différentes de semis: rang double, billon, population élevé 7-15-20-30 po. Des planteurs high-tech avec stabilité des unités, précision de profondeur et d’écartement entre chaque grain un à un bien positionné pour s’assurer d’un fort potentiel.

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C’est en général plus nébuleux pour le blé d’hiver. On lance la semence par terre avec une population des plus imprécises en kg/ha. Sur des sols qu’on voulait niveler par la suite. Ajoutons à ça l’idée de réussir cette culture en se donnant le défi de réussir avec des semis tardifs jusqu’à la mi-octobre. Oui, ça réussit, mais on ne peut pas s’attendre à des rendements qui correspondent au vrai potentiel du blé d’hiver.

À partir de cette prise de conscience, on a donc décidé de faire du blé d’hiver par défi au lieu de par dépit. Fallait créer l’espace dans notre système pour donner une chance à la culture de réussir. Nos résultats se sont améliorés graduellement. Aujourd’hui, c’est aussi rentable que notre maïs. Pourquoi? Parce qu’on a changé notre approche et qu’on s’est organisé pour penser en dehors de la boîte. Planifier différemment, se donner des objectifs clairs et mesurer des effets économiques à long terme qu’on ne soupçonnait même pas au départ et qu’on constate aujourd’hui. On pourrait peut-être ajouter une prime économique au plaisir de récolter de beaux champs dorés au beau milieu de l’été en t-shirt et espadrilles aux pieds. Profession agriculteur.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.