Statistique Canada a présenté il y a un peu plus d’une semaine les résultats de son évaluation des intentions d’ensemencements au Canada pour cette année. Je ne vous cacherai pas que sur le coup, je me suis un peu gratté la tête…
Essentiellement, Statistique Canada anticipe une hausse des ensemencements canadiens de maïs de +1,6% pour une baisse de ceux de soya de 0,9%.

Au Québec, les chiffres sont encore plus surprenants a priori. On parle d’une augmentation de +5,4% à 383 000 ha pour le maïs, pour un recul de -3,9% des ensemencements en soya à 389 478 ha.
Mais « surprenant » vraiment? Peut-être pas tant que ça…
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En janvier dernier, j’avais écrit un billet sur ce blogue (Et vous, qu’allez-vous semer cette année?) dans lequel je mettais en relief deux courants de pensée qui s’affrontent quand on parle de ce que devraient être les intentions d’ensemencements.
D’un côté, et je prêche pour ma paroisse, il y a l’aspect prix des grains et mise en marché à considérer. Or, on sait que depuis déjà un bon moment, même s’il a passablement reculé, le prix du soya au Québec reste certainement plus avantageux que celui du maïs. Donc en principe, si on s’en tient seulement à l’aspect prix des grains, on devrait voir de nouveau une hausse des ensemencements de soya au Québec cette année, et non une baisse.
Mais d’un autre côté, on ne choisit pas nécessairement juste avec le prix ce qui doit être semé bien entendu. L’aspect agronomique et la rotation des cultures entrent aussi en ligne de compte. Et ce semble être ce qui l’a emporté cette année.
L’an dernier, les ensemencements de soya ont atteint un sommet au Québec de 405 300 ha, une hausse annuelle de près de 5%. Dans cet ordre d’idée, considérant l’aspect agronomique, il fait du sens que les superficies en soya soient donc en baisse cette année à l’avantage du maïs, comme le suggèrent les résultats de Statistique Canada.
Maintenant, est-ce que les producteurs du Québec sèmeront vraiment +5,4% de plus de maïs cette année? Les prochaines semaines peuvent encore changer un peu la donne.
Sauf qu’il faut bien digérer dès aujourd’hui cette information si on pense à ce que pourrait être le prix du maïs dans quelques mois.
Dans les faits, on sait que présentement la demande pour le maïs au Québec n’est pas aussi vigoureuse qu’elle l’a été dans les dernières années. Celle du côté animal est « au mieux » sur le neutre, celle pour l’éthanol se maintient et finalement celle à l’exportation est bien décevante jusqu’à présent cette année. Ceci peut changer dans les prochains mois bien sûr.
Mais, s’il se sème cette année autant de maïs qu’on le prévoit non seulement au Québec, mais aussi en Ontario, nous pourrions nous retrouver de nouveau l’an prochain dans une fâcheuse situation d’abondance pour le marché du maïs au Québec.

Bien entendu, la météo au cours de la prochaine saison aura aussi son mot à dire. Sauf qu’avec la saison très difficile que nous avons connue l’an dernier, veut-on vraiment revivre la même chose pour espérer voir notre marché local du maïs reprendre de nouveau de la vigueur?
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Le jeudi 28 mars prochain, le département américain de l’Agriculture (USDA) présentera également les résultats de son sondage sur les intentions d’ensemencements américains (Prospective Plantings). Ce rapport toujours très attendu des marchés représente un tournant important pour les marchés. Il permet de jeter un premier regard sur ce que pourrait être le contexte d’offre et demande de grains pour la prochaine année.
En réaction aux résultats de ce rapport, je vous invite à participer au webinaire que je présenterai pour Le Bulletin des agriculteurs le vendredi 5 avril suivant de 9h00 à 10h30. Pour en savoir plus et vous inscrire —-> Les tendances : intentions de semis 2024
