Des semis de blé d’automne qui bondissent

Des semenciers rapportent des hausses de 80 % de leurs ventes cette année

Publié: 22 octobre 2024

Blé d'automne dans une parcelle de recherche du CEROM.

Le Québec pourrait-il afficher des superficies records en céréales d’automne pour 2024-2025? Il semblerait bien que oui, selon des commentaires recueillis auprès de quelques semenciers interrogés sur la question.

Marc-André St-Onge, directeur des ventes Québec chez Semican, n’a pas les chiffres définitifs pour cette année, mais rapporte des ventes nettement à la hausse, d’au moins 30 à 40% par rapport à l’an dernier. Pour le seigle hybride, la hausse est encore plus forte avec près du double des ventes. « On a vendu 400 tonnes de plus de semences de blé d’automne cette année (…) On avait beaucoup d’inventaire en début d’année qu’on ne pensait pas passer, mais on l’a presque fini. Pour le seigle hybride, on a dû commander 6 à 7 tonnes de plus ». ajoute-t-il.

La hausse est encore plus spectaculaire chez Agrocentre. « Après calcul, nous avons augmenté nos ventes de céréales d’automne (toutes céréales d’automne confondues) de 80% par rapport à l’année passée. En 2023, nos ventes se traduisaient par une estimation de 970 ha semés. En 2024, nous l’évaluons à 1750 ha semés », a indiqué Alex-Andryn Reid, coordonnatrice des ventes, marketing et services agronomiques chez Agrocentre. Les variétés vendues sont principalement du blé UGRC Ring, blé Montcalm, blé Champlain, blé Hudson, seigle SU Performer et seigle Danko. Parmi les autres céréales disponibles, le groupe propose aussi de l’orge d’automne et du triticale. Ces dernières sont offertes en très petites quantités.

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Le scénario se répète chez Synagri qui a dit avoir noté une bonne augmentation des ventes de blé d’automne par rapport aux dernières années, ce qui s’est aussi reflété dans le seigle. Les inventaires sont d’ailleurs très bas pour ce type de semences.

Facteurs de succès

Plusieurs facteurs expliqueraient l’engouement cette année chez les producteurs. Marc-André St-Onge cite les rendements nettement plus élevés de la récolte de blé d’automne de 2024, par rapport au blé de printemps. Cette tendance se fait sentir depuis plusieurs années. La pluie en 2023 a eu des impacts majeurs sur la récolte de blé de printemps, dont les rendements ont été médiocres. Les hivers ont d’ailleurs été plus cléments et ont permis une bonne survie au printemps des céréales d’automne.

Un autre aspect important repose sur les automnes qui se rallongent et permettent ce genre de semis. L’automne 2024, tout comme celui de l’an dernier, est particulièrement propice avec une chaleur au-dessus des normales et un temps sec. Les récoltes de céréales et de soya ont débuté et terminé tôt, ce qui a aménagé des périodes pour mener à terme ce genre de travaux.

Les aspects agronomiques pèsent probablement de plus en plus dans la balance. Les impacts favorables des rotations ont été soulignés dans les dernières années par de nombreuses études. Il a été prouvé que l’intégration des céréales dans les rotations allège la pression des maladies, des prédateurs et des mauvaises herbes résistantes, en plus d’améliorer la santé des sols.

La popularité du seigle amène cependant Marc-André St-Onge à y aller d’un avertissement : les acheteurs de seigle au Québec ne sont pas si nombreux et si jamais une quantité importante de seigle devait se présenter sur le marché, il pourrait être plus difficile de trouver preneur. Il recommande d’évaluer les rentrées de seigle et de blé à venir et de prendre les devants pour trouver les meilleurs acheteurs pour sa situation.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.