*La luzerne est notre plante fourragère ayant les besoins les plus élevés en soufre. Le soufre est essentiel entre autres pour assurer la fabrication des protéines de la luzerne. Une carence peut entrainer une diminution des rendements (1 à 4 t MS/ha), ainsi qu’une diminution de la teneur en protéines brutes (1 à 4 unités de %).
Dans les années 1990, la pluie pouvait apporter plus de 30 kg SO4/ha/an dans nos champs. De nos jours, avec les efforts qui ont été faits pour diminuer les pluies acides, on reçoit moins de 6 kg SO4/ha/an, ce qui n’est pas suffisant pour la luzerne dans bien des situations.
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Les conditions actuelles exigent une grande flexibilité et une prise de décision rapide pour un apport en fourrage suffisant. Voici quelques recommandations de nos experts.
L’analyse des fourrages représente le meilleur moyen de déterminer si la luzerne est carencée. Si elle contient moins de 0,25 % de soufre, on considère qu’il y a une carence.
Sachant cela, je me suis demandé si on pouvait voir cet effet dans les données. J’ai donc consulté les analyses de fourrages réalisées chez Lactanet de 2020 à 2024 (Figure 1).
Le graphique ne pourrait pas être plus clair: plus le soufre est bas et plus la protéine est basse. Et au-dessus du fameux 0,25 %, le niveau de protéines semble se stabiliser autour de 25-26 % (pour des légumineuses pures). Le constat est similaire pour les mélanges contenant 70 % et plus de légumineuses.
Si vous récoltez votre mélange à base de luzerne autour de 30 % d’ADF, vous devriez obtenir environ 23 à 26 % de protéines. À 33 % d’ADF : autour de 22 à 23 % de protéines. On peut donc viser beaucoup plus haut que la fameuse règle du pouce de 20 %!
Mais le plus surprenant des données est le pourcentage des échantillons se situant sous la barre du 0,25 % de soufre, soit plus de 60 % des mélanges à base de légumineuses! Oui, vous avez bien lu!
Il est vrai que les données ne sont pas parfaites. Les mélanges à base de légumineuses regroupent en effet d’autres légumineuses que la luzerne, ainsi qu’une faible proportion de graminées. Or, ces espèces n’ont pas de problématique de carence en soufre. Par contre, je peux vous dire que je vois très régulièrement des analyses de luzerne carencée, ce qui va dans le même sens que les données citées plus haut.
Je vous invite donc à regarder attentivement vos analyses de mélange qui contiennent 70 % et plus de luzerne. Un bon moyen de savoir si votre mélange contient au moins 70 % de luzerne est de vérifier la différence entre la NDF et l’ADF. Elle devrait être de moins de 13 unités de %.
En cas de carence en soufre (moins de 0,25 % MS), parlez-en à votre conseiller en agroenvironnement. Les nouvelles grilles de fertilisation du MAPAQ proposent une application de 25 kg/ha de soufre en cas de carence. C’est peu dispendieux et ça se paie très facilement! En bonus, un meilleur contenu en soufre sera bénéfique dans les rations, car il permet d’optimiser la synthèse de protéines microbiennes dans le rumen.
*Texte réalisé par Jean-Philippe Laroche en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.
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