Le manque de pluie a souvent été le principal problème des petites céréales, mais pas cette année. Autant la récolte du blé d’automne que celle de printemps sont affectées par les nombreuses précipitations depuis un mois, au moment où il serait temps d’entrer dans les champs. Les producteurs sont aux prises avec la décision de faire entrer la machinerie, avec les risques de compaction et une céréale trop humide, ou d’attendre et de voir la qualité du grain se dégrader.
Et pour le moment, les rendements ne semblent pas être au rendez-vous. Les nombreux commentaires sur les réseaux sociaux traitent de rendements au moins corrects, mais en général décevants pour cette saison.
L’État des cultures, qui fait le bilan hebdomadaire, relaie les constats et les frustrations des producteurs face à cette récolte qui se fait attendre.
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Une semaine après avoir engrangé de fortes hausses, les principaux grains repartent de plus belle à la baisse.
La Financière agricole confirme la situation dans son plus récent recensement. Les récoltes trainent de l’arrière par rapport aux trois dernières années. Le blé d’automne était terminé à 71% en date du 15 août, alors qu’elle l’était à 91% à pareille date l’an dernier. Le même scénario se répète pour le blé de printemps fini à seulement 9%, contre 14% en 2022 et 35% en 2021. La qualité autant que la quantité semblent être à la traine, à part de rares endroits comme Laval et les Laurentides, ou encore quelques endroits en Montérégie.

La Financière traite des principaux problèmes recensés dans les champs de céréales. Pour les céréales d’automne, la maturité a été atteinte et même dépassée dans certains cas, avec peu de moments propices à la récolte en raison de la pluie pour plusieurs régions: Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, Montérégie (secteur Saint-Hyacinthe), Outaouais et Saguenay–Lac-Saint-Jean. De nombreux cas de verse ont aussi été observés.
Dans les céréales de printemps, les travaux ont eu peine à avancer en raison des sols saturés d’eau un peu partout, à quoi s’est ajouté le développement de maladies, le pourrissement des grains et l’apparition de toxines liée aux conditions humides. « Baisses de rendement et de qualité à prévoir », résume l’organisme qui a déjà versé 41,7 M$ en indemnités cette année (dont près de la moitié pour le sirop d’érable).
Johanne Van Rossum, productrice et forfaitaire en Montérégie, fait partie de la minorité ayant pu achever la récolte au début du mois, mais non sans problème. Elle a obtenu des rendements très satisfaisants dans le blé d’automne (environ 7,4 t/ha) et d’autres jugés corrects dans le blé de printemps (de 3,8 à 5,0 t/ha). Elle a appliqué un fongicide après avoir beaucoup hésité puisque les risques au moment de l’application étaient jugés peu élevés, une décision dont elle se félicite maintenant puisque le temps humide a multiplié les maladies foliaires. «J’ai aussi remarqué les problèmes de mauvaises herbes assez répandus. Le temps sec au début de saison a limité la croissance des mauvaises herbes. Mais les pluies abondantes de juillet et la chaleur ont accéléré leur croissance. Ceci ajoute aux difficultés de battage et réduit les fenêtres de récolte. Ces mauvaises herbes ajoutent de l’humidité en se mélangeant aux grains », indique la productrice.
C’est sans oublier la paille qui dans certains champs n’a pu être récoltée et a pourrie sur place. L’agronome Annie Desrosiers raconte qu’elle n’a jamais vu autant de pluie tomber dans un été (100 ml par jour à certains endroits) avec des conséquences importantes pour la région de Lanaudière qu’elle couvre pour Pioneer.