Dans une situation de prix élevés des fertilisants, plusieurs se posent la question si on peut sauter une année pour la fertilisation en phosphore (P) et en potassium (K). John Lory, spécialiste en nutrition des cultures de l’Université du Missouri, répond à la question dans un récent article du Successful Farming. « La réponse courte est oui à condition que les niveaux de fertilité du sol soient près des valeurs recommandées », mentionne le spécialiste.
On peut comparer le contenu du sol en P et en K comme le niveau d’essence dans une voiture. « Si le réservoir est à pleine capacité, on peut s’attendre à parcourir plus de 600 km avant de refaire le plein, explique-t-il. Si votre destination se trouve à 250 km, vous pouvez sans crainte entreprendre le voyage. Et même faire un deuxième voyage de distance équivalente avec le même plein. Mais il faudra refaire le plein avant la fin du troisième. »
Un résultat d’analyse de sol indiquant un contenu en P ou K optimal ou élevé se compare au réservoir plein d’essence. « Plusieurs producteurs utilisent déjà ce concept en fertilisant une année sur deux selon les rotations », ajoute le spécialiste. Fertiliser le maïs et ne rien ajouter l’année du soya. Mais s’il n’y a pas eu de fertilisant P et K en 2021, peut-on risquer de ne rien appliquer en 2022? « Selon les principes derrière les recommandations d’éléments nutritifs du Missouri, une année supplémentaire ne comporte pas trop de risques », déclare John Lory. Voici sa stratégie pour bien gérer ses coûts de fertilisants.
- Ne pas fertiliser les parcelles avec des analyses de sol en P et K optimum ou riche. Plusieurs travaux de recherche ont démontré que les éléments fertilisants appliqués dans l’année ne procurent pas davantage de rendement dans les champs ayant une bonne fertilité.
- Réduire la dose recommandée de 50 % pour le P et le K basé sur les prélèvements par la culture. « Les premiers 30% à 50 % des fertilisants appliqués sont responsables de l’augmentation du rendement potentiel », explique le spécialiste.
- Limiter la dose de fertilisant au prélèvement par la culture. Dans une situation de prix élevés, il n’est pas opportun d’enrichir le sol. « Si vos champs ont l’habitude de répondre à la fertilisation P et K, une application à la dose minimale exigée par la culture permettra de protéger vos rendements », ajoute John Lory.
Pour certaines situations, les analyses de sol ne sont pas les seuls critères pour déterminer les besoins en éléments fertilisants. Des sols compactés peuvent démontrer des symptômes de déficience en P, même si la quantité présente dans le sol est suffisante en théorie. L’absorption du K disponible dans le sol est limitée au niveau des racines. Des sols froids peuvent aussi limiter la disponibilité du P. Certains types de sol sont moins résilients et n’ont pas la même capacité. Le réservoir d’essence est plus petit. Pour les sols sableux ou ayant un faible contenu en matière organique, il est plus risqué de reporter les applications de fertilisants d’une année.
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Source : Successful Farming