Un paillis indésirable

Publié: 19 novembre 2021

Culture de couverture avoine pois radis

Les cultures de couverture comportant de l’avoine sont superbes cet automne. Malheureusement, cela pourrait être annonciateur d’un problème le printemps prochain.

Après avoir récolté leur blé ou une autre céréale, certains producteurs ont semé un mélange de plantes de couverture faisant une large place à l’avoine. Le risque est réel qu’au printemps prochain, l’avoine forme un paillis qui retardera le réchauffement du sol. Un risque d’autant plus réel que l’avoine a bénéficié cet automne de conditions de croissance très favorables.

C’est l’avertissement qu’émet Sylvie Thibaudeau, conseillère au Club agroenvironnemental du bassin La Guerre. Même s’il est peut-être trop tard pour corriger la situation, l’agronome juge important de signaler le problème à venir.

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Son avertissement vaut aussi pour les producteurs qui ont semé un mélange avoine-pois dans le but de l’ensiler à la fin de l’automne et qui, disposant déjà de fourrages abondants, ont décidé de ne pas le récolter. «J’ai vu beaucoup de semis d’avoine-pois moitié moitié» à des taux de 100 kg/ha et plus, ce qui pourrait être problématique également, rapporte la conseillère.

«Lorsqu’elle est semée tôt ou à un taux très élevé, l’avoine se couche au sol pendant la saison froide et limite l’assèchement et le réchauffement du sol au printemps», signale-t-elle.

Cet inconvénient, lié à l’usage de l’avoine, est bien connu de certains producteurs. «Certains n’en mettent plus dans le mélange quand ils font un semis hâtif de plantes de couverture, par exemple après une céréale, observe-t-elle. Mes clients qui sont en semis direct ne mettent carrément plus d’avoine dans le mélange.»

«Évidemment, tout dépend de la région où vous cultivez», ajoute celle qui s’intéresse aux cultures de couverture depuis deux décennies.

Dans l’immédiat, il ne semble pas y avoir de moyen simple de corriger la situation. «Si on fauche maintenant, l’avoine n’aura pas le temps de se décomposer, juge Sylvie Thibaudeau. Idéalement, il faudrait faire un travail de sol primaire, mais les conditions actuelles ne s’y prêtent pas. Pour ce qui est d’un travail secondaire au printemps avec un outil à disques, ce ne sera peut-être pas suffisant pour régler le problème.»

La conseillère comprend que les producteurs soient attirés par l’avoine comme plante de couverture. «Elle est plus économique que le pois ou le radis et elle tolère relativement bien le froid», constate-t-elle. Elle déconseille néanmoins de l’utiliser en semis hâtif après une céréale. «Surtout qu’on reste dans la même famille de plantes et qu’on ne profite pas de l’effet rotation», souligne-t-elle. Elle propose de miser plutôt sur un mélange à base de  crucifères, de  pois ou de sarrasin par exemple. «À la rigueur, peut-être peut-on intégrer un peu d’avoine dans le mélange, car la graminée aide à maintenir son uniformité, mais il vaut mieux limiter le taux de semis à  15 à 20 kilos à l’hectare.»

«L’avoine a sa place, poursuit-elle, mais après du maïs ensilage par exemple. Elle va former un beau petit tapis. Dans ma région – le sud-ouest du Québec, il y a même des producteurs qui en sèment après un soya hâtif.»

Sylvie Thibaudeau fera une présentation sur les cultures de couverture dans le cadre des Conférences du Bulletin des agriculteurs, le 12 janvier prochain, à Saint-Hyacinthe. Inscrivez-vous ici.

À PROPOS DE L'AUTEUR

André Piette

André Piette

Journaliste

André Piette est un journaliste indépendant spécialisé en agriculture et en agroalimentaire.