La consanguinité des vaches laitières augmente encore

La situation préoccupe les producteurs et les organisations impliquées dans la génétique

Publié: 23 août 2022

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Vache laitière avec son veau nouveau-né

Le plus récent calcul des statistiques associées au niveau de consanguinité dans la population des génisses laitières de chaque race, effectué par Lactanet Canada, démontre que celle-ci augmente encore. Dans les races les plus importantes, c’est au niveau de la Holstein que le taux de consanguinité était le plus élevé en 2021 avec un taux de 8,86%. Les trois autres races en importance au Québec suivent : Jersey (7,10%), Suisse Brune (7,09%) et Ayrshire (6,73%).

Chez les quatre plus importantes races laitières au Canada, le taux de consanguinité de la Holstein augmente plus rapidement. photo: Lactanet Canada

C’est au niveau de la race Holstein que la consanguinité augmente le plus rapidement parmi les génisses de ces quatre races avec une moyenne de +0,26% par an dans les 10 dernières années. Les races Ayrshire et Jersey se portent mieux avec une moyenne de +0,12% par an et de +0,15% pour la Suisse brune, en fonction des données disponibles. Pour les autres races, c’est la Canadienne qui a le plus haut taux de consanguinité avec 9,53%. Le taux d’augmentation de consanguinité depuis 2010 est cependant relativement faible à +0,07%.

Chez la Holstein, il y a deux grandes périodes d’augmentation de la consanguinité. photo: Lactanet Canada

Une préoccupation

«Ce qui est préoccupant chez la Holstein, ce n’est pas le 8,86% de consanguinité, mais la trop grande augmentation d’année en année. Avec un quart de 1% par année, ça veut dire qu’à chaque quatre ans, on augmente la consanguinité de 1%. Avant ça, ça prenait 10 ans pour augmenter de 1%», explique le chef des services chez Lactanet Canada, Brian Van Doormaal.

Dans les 50 dernières années, il y a eu deux grandes périodes d’augmentation importante du taux de consanguinité chez la Holstein. La première est survenue il y a 30 à 35 ans alors que le taureaux Starbuck est devenu très populaire. Ses fils et ses petits-fils sont devenus à leur tour des taureaux très populaires.

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Pour contrer cette hausse de consanguinité, il y a eu des importations de la semence de taureaux et l’utilisation de d’autres lignées de taureaux. «Finalement, on a pu trouver d’autres lignées de taureaux qui n’étaient pas apparentés avec Starbuck», explique Brian Van Doormaal qui a travaillé toute sa carrière en génétique bovins. Dans les 10 dernières années, c’est l’utilisation de la génomique qui a accéléré à nouveau l’augmentation de la consanguinité. «Ça l’a augmenté la popularité de certaines lignées de taureaux, pas comme dans le temps de Starbuck, mais certaines lignées sont tellement populaires que le taux de consanguinité augmente», dit Brian Van Doormaal.

Tout le monde de la génétique est préoccupé par cette situation : les éleveurs et les organisations impliquées dans la génétique au Canada, comme Lactanet, le CIAQ, l’Alliance Semex, les centres d’insémination. «Ça nous préoccupe, mais pas pour paniquer. C’est pas que ça nous préoccupe dans ce sens-là. Mais il faut trouver quelque chose à long terme pour contrôler ça un peu. Il y a sûrement moyen de faire mieux et la seule façon de faire mieux, c’est de mieux gérer chaque accouplement», explique Brian Van Doormaal. Il faut donc que le producteur arrive à choisir les taureaux qui ne sont pas apparentés avec les femelles dans le troupeau. Un outil pour faciliter cet aspect n’existe pas actuellement. C’est pourquoi Lactanet travaille depuis un an au développement d’un tel outil. Si tout va comme prévu, il devrait être disponible dans un an, en 2023.

Brian Van Doormaal explique que le taux de consanguinité est un aspect important à considérer à long terme. Plus le taux de consanguinité augmente dans une race, moins il y a de variabilité génétique et moins il devient possible de faire de l’amélioration génétique. 

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.