Lactanet a déjà cinq ans

«Le bilan n'est que positif», dit Daniel Lefebvre, chef de l'innovation

Rodrigo Molano, Débora Santschi et Daniel Lefebvre

Selon Daniel Lefebvre, chef de l’innovation chez Lactanet, la création de Lactanet qui regroupe Canwest DHI, Réseau Laitier Canadien (CDN) et Valacta est toujours pertinente cinq ans après. Entrevue.

À quoi ressemblaient les rôles de Canwest DHI, le Réseau laitier canadien (CDN) et Valacta avant le partenariat?

Daniel Lefebvre: Valacta et Canwest DHI fournissaient des services de contrôle laitier dans tout le Canada, Valacta couvrant le Québec et les provinces de l’Atlantique, et Canwest DHI couvrant l’Ontario et les provinces de l’Ouest. CDN était plus une organisation qui était en aval où elle utilise entre autres les données de contrôle laitier pour faire des évaluations génétiques. Déjà, les organisations Valacta et Canwest étaient le résultat de consolidations. C’était une suite logique. Et ensuite une intégration verticale avec l’utilisation des données par CDN.

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Quelles sont les raisons qui ont mené à la fusion il y a cinq ans?

Daniel Lefebvre: Ce n’est pas une fusion, dans le sens où les entités légales demeurent. C’est un partenariat. C’est une mise en commun de ressources. Les raisons sont la diminution du nombre de producteurs et la nécessité de faire des gains d’efficacité. Donc, ça nous permettait, d’une part, de mettre en commun des ressources pour avoir une meilleure efficacité et une meilleure sécurité, entre autres.

CDN, c’était une petite équipe. De mettre en commun les ressources, ça permettait d’avoir plus de capacité et de faire face à des départs de ressources. C’était surtout pour être plus efficace dans la gestion et dans la planification stratégique avec des objectifs qui sont alignés pour exploiter les forces de chacun, entre autres, les ressources d’expertises qui étaient uniques à Valacta. Ça permettait d’une part, de faire bénéficier de cette expertise-là à l’ensemble de nos partenaires, et ce faisant, d’en partager une partie des coûts.

Au point de vue légal, toutes les entités existent encore, mais au point de vue marque de commerce, toutes les entités ont le droit d’utiliser le nom de Lactanet. C’est pour ça qu’on fait affaire avec une image unifiée qui est Lactanet.

Pouvez-vous me mentionner quelques éléments-phares des cinq dernières années?

Daniel Lefebvre: Récemment, les évaluations génétiques pour l’efficience du méthane. Ça a été rendu possible grâce à la présence de ce partenariat-là. Ça implique les données du contrôle laitier pour relever les données spectrales qui servent de base, qui est le phénotype pour chacune des vaches des émissions de méthane. Et ensuite, les partager avec l’équipe de génétique pour créer des évaluations génétiques. C’est un bel exemple.

Aussi, en lien avec ça, le développement d’un indice de durabilité. Ça a été fait à la base par le centre d’expertise, donc Valacta, et a été rendu disponible à l’ensemble du pays comme outil. C’est maintenant un indice reconnu de la durabilité des troupeaux. Il y a même aujourd’hui Financement agricole Canada et les PLC (Producteurs laitiers du Canada) qui se basent sur ces indices-là.

L’autre outil qui a une grande visibilité, c’est l’indice de performance de troupeau qui est plus un outil de reconnaissance de l’excellence des troupeaux laitiers canadiens. C’est de donner des mesures ou des indicateurs de la performance globale du troupeau et de reconnaître les meilleurs. C’est un indice qui a pris beaucoup de notoriété avec la création de Lactanet. Le fait d’en faire une reconnaissance nationale, ça a augmenté beaucoup la notoriété et la reconnaissance de cet outil-là.

Cinq ans plus tard, quel est le bilan que vous en faites?

Daniel Lefebvre: Honnêtement, le bilan n’est que positif, dans le sens où c’est difficile d’envisager où serait chacune des organisations s’il n’y avait pas eu Lactanet. C’est clair dans notre tête qu’il y aurait eu des défis beaucoup plus grands d’adaptation à l’environnement d’affaires, au changement des besoins des producteurs.

D’autres éléments que je n’ai pas mentionnés, mais qui sont importants. Le service CLÉ (contrôle laitier électronique) qui est une façon de faire du contrôle laitier à distance ou sans service de techniciens. C’est un exemple d’adaptation.

Sans parler des gains d’efficacité qu’on a faits en mettant en commun les ressources et les infrastructures. On parle d’infrastructures informatiques, de cybersécurité. On a beaucoup investi dans les infrastructures pour les sécuriser. Le fait de les avoir mis en commun nous a permis de grandes économies. Du côté des laboratoires, il y a beaucoup d’harmonisation des pratiques. Au niveau des ressources humaines, ça nous a permis de nous doter de programmes qui apportent de la valeur aux employés qui sont plus pertinents dans le contexte de recrutement de la main-d’œuvre. Tout ça fait qu’on est beaucoup plus solide comme organisation qu’il y a cinq ans.

Et si on regarde vers l’avenir avec tous les enjeux qui s’en viennent dans le secteur laitier, là aussi, on est bien positionné pour offrir des outils aux producteurs, pour permettre de contribuer à l’atteinte des objectifs de durabilité de l’industrie. Pour ce qui est du bilan carbone à la ferme, on peut mettre à profit un paquet de données qu’on recueille déjà dans le cadre de nos activités.

Qu’est-ce qui s’en vient dans les cinq prochaines années?

Daniel Lefebvre: Tout ce qui tourne autour de la durabilité va être important. On va continuer à développer des outils ou des offres de service qui sont en lien avec la durabilité. En exemple, l’étude du bilan carbone à la ferme, c’est laborieux en termes de collecte, de validation de données. On veut se positionner pour faciliter cette collecte de données-là en rendant disponibles les données à ces outils de bilan carbone.

On veut aussi continuer à développer notre expertise en services-conseils à la ferme pour aider les producteurs dans les décisions au niveau de la durabilité comme on l’a fait il y a une quinzaine d’années avec la création du centre d’expertise en bien-être animal.

L’autre élément important, c’est au niveau de l’intégration des données. On est appelés à enrichir les données qu’on gère déjà pour les producteurs par des nouvelles sources de données. De plus en plus, il y a des outils à la ferme qui génèrent des données, que ce soient des capteurs d’activités ou de temps de rumination. De jumeler ces données-là avec celles qu’on a déjà et de les mettre en valeur pour développer des nouveaux outils génétiques pour des nouveaux caractères. Et il vient avec ça l’application de l’intelligence artificielle. C’est un élément pour lequel on investit.

Combien de producteurs laitiers au Canada utilisent les services de Lactanet?

Daniel Lefebvre: Plus de 70% utilisent l’un ou l’autre de nos services. Celui qui a la plus grande part de marché, c’est encore le contrôle laitier avec plus de 60%. Dans la dernière année, les clients qui ont transféré vers la traite robotisé, 80% d’entre eux ont continué le contrôle laitier avec nous. C’est un autre exemple d’adaptation. On a conçu des produits pour ces éleveurs-là.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.