La mise en marché de sa viande de bœuf recelle de nombreux défis

Le Congrès du bœuf misait cette année sur la vente directe au consommateur

Publié: 23 octobre 2021

Chantal Agnew en 2018, juste avant la construction de la nouvelle boutique l'année suivante.

La pandémie a créé un véritable engouement pour l’achat local. Les producteurs qui avaient fait le saut vers la vente directe aux consommateurs ont vu les demandes exploser. Mais avant de se lancer dans ce créneau, il y a des éléments imporantes à savoir, des questions fondamentales à se poser. La commercialisation de la viande en circuit court était le sujet phare du Congrès du bœuf 2021, tenu en formule virtuelle le 21 octobre 2021.

Selon les conseillères Carolyn O’Grady et Katherine Ducharme oeuvrant au MAPAQ en Montérégie-Ouest et Montérégie-Est, il est crucial que les producteurs qui souhaitent mettre en marché la viande de leurs animaux se questionnent d’abord sur ce qu’ils veulent faire. Cela déterminera le type de formation et de permis qu’ils devront aller chercher au préalable. C’est le type de permis et le mode de mise en marché qui détermine ce que vous devez faire ou non. Ainsi, l’étiquettage ne sera pas le même si c’est vous-mêmes qui vendez le produit ou si vous vendez par un intermédiaire.

Les décisions à prendre sont nombreuses : abattoir, transformateur, boutique à la ferme, vente en consignation, marchés publics, sites web transactionnels, plateformes de ventes en lignes, transformation à la ferme, vente en gros… Chaque décision a ses avantages et ses inconvénients.

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Panel de producteurs

Chantal Agnew et son conjoint Frank Boyle de la ferme Anglo Acres à Saint-Chrysostome en Montérégie ont lancé la Boutique Bon Bœuf en 2015 en raison de leur souhait de diversifier leur entreprise. Lors de sa présentation, Chantal Agnew a expliqué que la vente directe au consommateur n’était pas naturelle pour elle puisqu’elle est une personne introvertie, mais aujourd’hui, elle referait exactement le même parcours. « Sans hésiter! », dit-elle.

En l’écoutant, on remarque à quel point ce choix a orienté toutes les décisions de l’entreprise qui se spécialise dans la vente de viande de bœuf et de veau (baby beef), en plus d’engraisser des porcs. En six ans, l’entreprise est passée d’une boutique dans la maison familiale à une boutique beaucoup plus spacieuse offrant des possibilités de transformation. Un site transactionnel complète la vente dans les marchés fermiers et la boutique à la ferme. La productrice connaît le coût de revient de chacune de ses coupes.

Même si elle a beaucoup à gérer avec les animaux et la direction de l’entreprise, Chantal Agnew explique qu’elle doit être présente à la boutique pour encourager le lien producteur-consommateur. La productrice a encore de projets, comme celui d’intégrer ses enfants dans une dizaine d’années.

Sylvain Ouellet et Sophie Plourde de la ferme Grande Fourche à Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup ont un troupeau de 90 vache-veau. Ils ont débuté la vente directe graduellement en 2016. Ils ont présenté leurs cinq stratégies gagnantes qui se résument ainsi. Ils ont choisi d’y aller graduellement afin de bâtir leur projet sur des bases solides. Et pour cela, ils ont choisi de bien s’entourer. Puis, ils ont travaillé à se faire connaître par le site internet, la présence sur les réseaux sociaux et l’implication régionale. Ensemble, ils ont une vision commune et un plan à long terme.

Les défis ont été nombreux : gérer la trésorerie, la planification, la valorisation de toute la carcasse, l’abattage et la découpe, ainsi que le suivi du coût de production. Aujourd’hui, l’implication de leur fille Ève-Marie dans l’entreprise est une grande source de fierté.

Sur la ferme La Villandroise depuis 1994, Paul Villeneuve et sa conjointe Andrée Dugal sont nouveaux dans la vente directe aux consommateurs. Pour cela, il a fallu l’arrivée de leurs deux filles dans l’entreprise, Emma et Anabelle. Lors de la présentation, Emma Dugal-Villeneuve et Paul Villeneuve ont expliqué qu’ils en sont à leur première année. Aucun bœuf n’a encore été commercialisé en vente directe, ce qui aura lieu plus tard cet automne. Ils commercialisent aussi des poulets et des porcs élevés au pâturage.

Les deux sœurs sont impliquées, ainsi que leurs conjoints. Les défis sont nombreux parce qu’il fallait s’assurer du financement, de la gestion du temps et développer la clientèle. Étant en année de démarrage et ayant chacun un emploi extérieur, ils ont décidé de laisser tout l’argent dans l’entreprise. Pour faciliter la mise en marché, ils ont choisi de fonctionner pour l’instant par prévente en quartier, demi ou carcasses entières. Toutefois, ils entrevoient déjà le futur avec la croissance de la production, l’éducation de la clientèle, la participation à des marchés public, le partenariat avec d’autres producteurs de la région et la transformation de leurs produits.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.