Les Éleveurs de porcs implorent Olymel de prioriser les porcs du Québec

L'usine d'Olymel de Princeville n'abattra plus de porcs en mars 2022

Publié: 26 octobre 2021

Les Éleveurs de porcs implorent Olymel de prioriser les porcs du Québec

Alors que les porcheries sont encore surchargées de porcs prêts à l’abattage malgré la fin de la grève à l’abattoir d’Olymel de Valley-Jonction, les Éleveurs de porcs du Québec implorent Olymel de prioriser les porcs du Québec suite à sa décision de fermer l’activité d’abattage de porcs à l’usine de Princeville.

Le vendredi 22 octobre 2021, Olymel a rencontré les employés de l’usine de Princeville et les Éleveurs de porcs et leur équivalent ontarien pour leur expliquer le plan de conversion de l’usine et la réduction de l’achat de 25 000 porcs par semaine à compter de mars 2022 qui en découle. De ce nombre, 15 000 porcs du Québec et 10 000 de l’Ontario ne seront plus abattus par Olymel. Une réduction de 15 000 porcs par semaine représente une diminution de 15% de l’abattage de porcs au Québec pour Olymel. Le nombre total de porcs abattus chaque semaine par Olymel est de 101 000.

L’usine restera ouverte, mais elle sera en partie convertie. Il n’y aura plus d’abattage. Les activités de l’usine se concentreront dorénavant dans la découpe, le désossage et l’emballage de produits de porcs. Les employés resteront tous à l’emploi de l’usine, mais ils seront formés pour leurs nouvelles tâches. L’usine de Princeville est la seule usine de porcs d’Olymel dans laquelle l’anesthésie au CO2 n’a pas été implantée.

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En entrevue, le premier vice-président d’Olymel, Paul Beauchamp, explique que la décision a été prise en raison de la rareté de la main d’œuvre et de la perte de la valeur du porc vendu. « Il nous manque des employés pour aller chercher la pleine valeur des produits qu’on abat », explique-t-il. Olymel considère perdre de l’argent en n’allant pas chercher cette valeur ajoutée.

Olymel a choisi de prioriser les clients de la filière coopérative et les clients de longue date. Or, au Québec, il y a des clients d’Olymel plus récents qu’en Ontario. C’est le cas notamment des porcs de commodités du Québec qui étaient abattus chez Viandes DuBreton jusqu’en février 2020. Paul Beauchamp a expliqué qu’il y en a entre 6000 et 8000 porcs qui étaient anciennement abattus par DuBreton qui sont depuis abattus par Olymel, sans mentionner toutefois que ce sont ces porcs qui seront touchés par la fin des activités d’abattage à Princeville.

Les Éleveurs de porcs du Québec sont d’autant plus déçus par la décision d’Olymel que si Olymel avait choisi de cesser l’achat de porcs de l’Ontario et choisi les porcs du Québec, les éleveurs québécois ne seraient pas inquiets pour l’avenir. « Les consommateurs du Québec, ceux qui achètent notre viande, sont fiers d’acheter du porc du Québec élevé par des familles d’ici. Olymel doit réitérer ses valeurs en tant que fleuron québécois. C’est tout le modèle d’affaires de la filière porcine qui peut être ébranlé. Ce sont encore une fois les entreprises porcines, qui font notre fierté et qui rayonnent par leur savoir-faire de renommée mondiale, qui en subiront les impacts » indique le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, dans un communiqué.

Paul Beauchamp dit qu’Olymel fera tout en son possible pour abattre le plus de porcs possible. Le nombre de 15 000 porcs n’est pas définitif, mais si la situation de la main d’œuvre ne s’améliore pas, c’est possible qu’ils ne puissent pas faire mieux. « Ça se peut que le chiffre soit moins que 15 000 en mars », dit-il. Pour ce qui est des porcs en attente occasionnés par la grève à l’abattoir de Valley-Jonction, Paul Beauchamp explique qu’Olymel s’engage à les écouler.

Les Éleveurs de porcs du Québec critiquent le fait que ce sont encore une fois les producteurs indépendants qui sont les premiers touchés. L’organisation dénonce le fait que la décision survient alors que les contribuables du Québec ont octroyés une subvention de 150 millions de dollars cette année.  « Olymel doit réitérer ses valeurs en tant que fleuron québécois », dit David Duval par voie de communiqué.

De son côté, le ministre de l’agriculture, André Lamontagne, a fait savoir dans un courriel qu’il partage les préoccupations des Éleveurs de porcs du Québec quand à la situation des porcs en attente et à la capacité d’abattage au Québec. « Nous sommes déçus d’apprendre qu’Olymel ait pris une telle décision dans le contexte actuel et espérons que l’entreprise poursuivra ses efforts pour réduire le nombre de porcs en attente. Nous invitons les acteurs de la filière porcine à collaborer pour s’assurer que les porcs du Québec trouveront preneurs d’ici le mois de mars », dit-il. Le courriel continue en mentionnant le fait que le gouvernement fédéral s’apprête à offrir plus de flexibilités dans l’accès aux travailleurs étrangers temporaires dans les abattoirs. « À terme, ces assouplissements seront une bouffée d’air frais pour les abattoirs qui peinent à trouver des employés pour maintenir et augmenter leur capacité d’abattage », lit-on. Il termine en demandant au gouvernement fédéral d’agir le plus rapidement possible dans ce dossier.

En date du vendredi 22 octobre, le nombre de porcs en attente d’abattage est de 180 359, ce qui est environ le même nombre que durant la grève à l’abattoir de Valley-Jonction. Ce nombre élevé est lié au fait que la fédération a soupçonné que les producteurs ne déclaraient que les porcs les plus lourds et non pas tous les porcs ayant un poids suffisant pour être abattus. Les Éleveurs de porcs du Québec a donc insisté auprès de ses membres pour que tous les porcs en attentes soient déclarés.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.