Peste porcine africaine : se préparer au pire

L'arrivée de la maladie en sol canadien aurait des conséquences majeures

Publié: 17 décembre 2024

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L'EQSP a profité du Porc Show pour réunir les acteurs de la filière porcine pour faire le point sur la peste porcine africaine (PPA).

La filière porcine québécoise se prépare au pire avec l’entrée possible de la peste porcine africaine (PPA) en sol canadien. Même si l’industrie ne souhaite pas que cette maladie arrive au Canada, elle veut être prête si elle survient.

C’est pourquoi l’Équipe québécoise de santé porcine (EQSP) a profité du Porc Show pour réunir la filière lors d’une journée de conférences afin de présenter l’état de préparation. Environ 160 personnes étaient présentes.

Cette maladie virale contagieuse et mortelle pour les porcs est à déclaration obligatoire. Le Canada est actuellement indemne de cette maladie. Son arrivée sur le territoire aurait des effets immédiats et dramatiques pour le secteur. La maladie a été observée en Afrique, en Asie, dans certains pays d’Europe et récemment dans les Caraïbes (Haïti et République dominicaine).

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Confirmation d’un cas

Sophie Benoit de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) explique que dès qu’un cas est présumé, il doit être confirmé par le laboratoire de référence de l’ACIA à Winnipeg. C’est alors que l’information est connue dans le monde entier.

« C’est à ce moment-là qu’on tombe en mode panique, puis, en mode solution », explique Sophie Benoit.

Une zone de contrôle primaire (ZCP) est définie pour contenir la maladie. Le contrôle du risque commercial est l’avantage secondaire de cette zone.

L’arrivée de la PPA au Canada bénéficierait de l’expertise acquise lors des éclosions de l’influenza aviaire hautement pathogène dans les deux à trois dernières années. La procédure serait semblable, mais il s’agit d’animaux plus gros. Les modes d’euthanasie et d’élimination des carcasses doivent être adaptés.

Surplus de porcs

Si un cas de PPA survient au Canada, les frontières se fermeront automatiquement jusqu’à ce que les principes de zonage conclus par des ententes internationales soient reconnus et que les expéditions reprennent. Une chose est certaine, il y aura des surplus de porcs pour une certaine période.

La firme Forest Lavoie Conseil a été mandatée pour élaborer un plan d’action en cas d’éclosion. Hélène Méthot explique qu’il faut une excellente collaboration de tous les partenaires. Il faut de plus établir les cadres juridique et financier nécessaires. De plus, il faudra une circulation en temps réelle de l’information afin de prendre les bonnes décisions plus facilement.

Aide financière demandée

En cas de PPA, la filière aura besoin d’argent pour passer à travers la crise. C’est pourquoi le Conseil canadien du porc (CCP) a rencontré le gouvernement fédéral pour aider l’industrie.

« On demande une assistance pour passer au travers, et ça, ça passe par le coût de production », explique René Roy, président du CCP.

Cette demande est en fait un « Programme de reprise commerciale face à la PPA ». Ce programme offrirait une aide financière aux participants directs du secteur porcin pendant un évènement de PPA. Leur souhait est que ça couvre le coût de production.

Le CCP travaille aussi sur des ententes avec des pays pour continuer l’exportation de porcs canadiens issus de régions indemnes dans certains pays. René Roy explique qu’une entente avec le Japon sur le zonage en sol canadien devrait être conclue au début de 2025.

La zone de contrôle primaire (ZCP)

En cas de PPA, des perturbations surviendront pour les entreprises porcines dans la ZCP et les entreprises faisant affaire avec les producteurs dans cette zone. Des permis seront nécessaires, explique Caroline Meunier de l’ACIA.

Dépleuplement

L’EQSP a travaillé à développer une stratégie de dépeuplement et a même effectué un exercice terrain cet automne. Le vétérinaire Ghislain Hébert de l’EQSP explique que les méthodes utilisées doivent assurer de respecter l’animal et son bien-être. Les méthodes varient selon le type d’animal.

L’EQSP s’est aussi équipé de matériel pour permettre un dépeuplement efficace. Des unités mobiles d’euthanasie ont été validées. Un exercice terrain de dépeuplement a aussi eu lieu en octobre.

Le médecin vétérinaire Ghislain Hébert, chargé de projets pour l’EQSP présente l’exercice de dépeuplement et d’élimination de 3 fermes. photo: Marie-Josée Parent

Éliminer les animaux morts

L’élément le plus critique dans cette stratégie est l’élimination des animaux morts. Deux options sont possibles, selon les explications de Marilène Halin du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Il s’agit de l’équarrissage et du lieu d’enfouissement technique.

Ce n’est pas suffisant, selon Marilène Halin. C’est pourquoi le compostage a été évalué dans un projet pilote mené par l’IRDA. Le projet s’est avéré positif et ce mode d’élimination sera ajouté à la règlementation.

Exercice de calcul

L’EQSP a évalué dans un exercice l’état de préparation à un dépeuplement et à l’élimination qui s’en suivrait. Il a été calculé que le coût d’élimination est de 2 à 8 fois plus élevé que le dépeuplement. Et pour les porcs adultes, c’est ce qui est le plus dispendieux.

Soutien du gouvernement

Yvon Doyle, sous-ministre adjoint au MAPAQ, explique qu’il se consacre à la PPA pour limiter les perturbations économiques si la maladie survenait au Canada, comme il y en a eu dans d’autres pays.

Les EPQ se préparent

Les Éleveurs de porcs du Québec se préparent aussi. « Ça va être très dur pour l’industrie », dit le président Louis-Philippe Roy. D’un côté, les consommateurs auront besoin d’être informés et les producteurs devront être soutenus. La solidarité sera importante.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.