Le climat d’incertitude affecte aussi le porc

Le secteur est affecté par les mesures tarifaires imposées par le président américain Donald Trump

Publié: 15 avril 2025

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Le climat d’incertitude affecte aussi le porc

L’incertitude sur les marchés boursiers depuis l’entrée en fonction du président américain Donald Trump n’épargne pas le secteur du porc. Il y a quand même certains éléments encourageants pour le secteur.

Simon Brière, stratège principal des marchés chez R.J. O’Brien, présentait les tendances du marché dans un webinaire des Éleveurs de porcs du Québec intitulé « Marché du porc sous tension : comment naviguer entre tarifs et incertitudes? » le 15 avril 2025.

Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025, les marchés boursiers ont vu passer des bouleversements majeurs, dont le plus important est survenu à la suite du Liberation Day, le 2 avril dernier.

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La perte de confiance envers l’économie américaine a fait chuter la valeur du dollar américain à l’international. Selon Simon Brière, les États-Unis sont en train de s’isoler à l’international.

Malgré une remontée du dollar canadien causée par cette dévaluation, cela devrait être limitée. Simon Brière croit que le dollar canadien devrait rester relativement faible par rapport au dollar américain.

Les stocks de maïs faibles entraîneront un plus grand nombre d’acres semés aux États-Unis, ce qui se répercutera en moins de soya semé. Côté soya, il est à noter que le Brésil a presque doublé sa production en 10 ans, devenant le joueur le plus important à l’international dans cette production.

« Pour vous donner une idée de ce que ça a l’air, nous ici, au Québec, on produit à peu près un million de tonnes de soya sur l’ensemble du Québec. Au Brésil, c’est 170 fois plus », dit Simon Brière.

La météo reste incertaine au sud de la frontière avec une sècheresse plus importante que d’habitude, mais de la pluie est attendue prochainement.

Porc

Simon Brière explique que tous s’étaient trompés dans les prévisions du rapport Hogs & Pigs du 27 mars 2025. Les analystes avaient prévu des tailles de cheptel beaucoup plus élevées que le rapport. Cela a eu un effet positif sur les prix. Toutefois, cette embellie a été de courte durée.

« On est revenu, encore une fois, à toute cette incertitude liée au commerce international », dit Simon Brière.

Il explique que même si le principal client du porc américain, le Mexique, a été épargné avec les tarifs, ce n’est pas le cas des autres clients internationaux qui, combinés ensemble, représentent une part importante des exportations.

« Le Mexique ne peut pas compenser et absorber tout le reste des autres pays qui ont de la difficulté à s’approvisionner en porc américain et c’est ça que vous avez vu dans les derniers jours, cette volatilité-là », dit-il.

Dans la valse des tarifs et contre tarifs, le marché est un peu fragile. Heureusement, il y a moins de production de porc.

Le prix record du bœuf comparativement au prix du porc est un atout important. La différence est d’un dollar US la livre à la bourse entre le prix du porc et du bœuf. « Ça, je n’ai jamais vu ça », dit Simon Brière. Donc, si le prix du bœuf est trop cher pour le consommateur, celui-ci risque de se tourner vers le porc ou la volaille.

« Décidemment, le porc va devenir en demande possiblement parce que le bœuf est carrément trop cher », dit Simon Brière.

Autre bonne nouvelle : Simon Brière estime qu’avec un faible coût d’alimentation, même si le prix du porc n’est pas ce qu’il était il y a quelques mois, c’est possible de s’en tirer. Si le prix de l’alimentation demeure raisonnable, il pourrait être possible d’en s’en tirer avec une marge « plutôt positive ».

« Dans mes prédictions économiques, là, à l’heure où l’on se parle, c’est un peu moins rentable, c’est un peu moins hot qu’il y a deux ou trois mois, mais je ne suis pas dans un scénario apocalyptique non plus. J’ai l’impression qu’on virevolte aux alentours des marges d’ASRA. Donc, ça ne prendrait pas grand-chose pour tomber dans le positif », conclut-il.

SGRM

Pour aider les producteurs, Simon Brière a recommandé aux producteurs d’utiliser l’outil des Éleveurs de porcs du Québec, le Service de gestion du risque du marché, communément appelé par l’acronyme SGRM.

Simon Leclair, directeur adjoint – Service des affaires économiques des Éleveurs de porcs du Québec, a d’ailleurs expliqué ce service qui permet à un producteur de porc de faire de la contrepartie sélective.

Ce service exclut la spéculation dans le sens où il faut absolument livrer durant la période de livraison de quatre à cinq semaines. Le contrat à livraison différé (CLD) doit être renversé avant la livraison des porcs ou porcelets qui sont sous CLD. Cela permet au final de protéger ses positions.

Des capsules web ont été produites et sont disponibles sur le site du SGRM pour mieux comprendre ce service.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.