Les producteurs de porcs cherchent des solutions

Ils proposent un détournement de porc et demandent l’aide des gouvernements

Publié: 19 mai 2023

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Les producteurs de porcs cherchent des solutions pour contrecarrer les effets négatifs de la convention collective.

Alors qu’une pétition circule pour demander l’aide financière des gouvernements, une autre initiative des producteurs de porcs demande à la Régie des marchés agricoles et alimentaires la permission d’exporter eux-mêmes 350 000 porcs aux États-Unis le temps que les marchés se rétablissent.

Pétition sur internet

Les Éleveurs de porcs de la Beauce ont lancé une pétition pour inciter les gouvernements du Québec et du Canada à en faire plus pour les aider à passer à travers la crise actuelle. « Nos producteurs nous ont dit qu’il fallait demander de l’aide des gouvernements parce qu’on est devant une situation qui n’est pas notre faute en tant que producteurs », explique, en entrevue, le président des Éleveurs de porcs de la Beauce, René Roy.

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Même s’il s’agit d’une initiative des Éleveurs de porcs de la Beauce, la démarche a été réalisée en communication étroite avec les Éleveurs de porcs du Québec. « Dans le fond, on travaille ensemble », explique René Roy. 

Du côté provincial, René Roy rappelle que le ministre de l’Agriculture avait demandé aux Éleveurs de trouver un terrain d’entente avec les acheteurs pour la convention de mise en marché et qu’après, il serait prêt à s’asseoir à la table avec eux.

« Les producteurs attendent encore cette rencontre-là pour voir les solutions qui seront proposées », dit René Roy. Il précise que le programme d’aide d’urgence du provincial récemment annoncé pour faire face aux fortes poussées inflationnistes ne s’applique pas aux producteurs de porcs en raison des grandes valeurs des inventaires.

Il ajoute que le problème principal que vivent les producteurs de porcs en ce moment en est un de liquidités. « Le 1,5 million de chiffre d’affaires du programme, ce n’est pas assez, dit-il. Il nous faut des aides directes pour les producteurs pour suppléer au manque de liquidités qui est si criant ces temps-ci. » 

Du côté du fédéral, les Éleveurs de porcs du Québec ont fait une demande pour que le fédéral contribue financièrement dans le programme de retrait. Selon René Roy, ce serait avantageux pour le pays puisque le programme de retrait aura comme impact de réduire les inventaires et de réduire la pression à la baisse sur le prix. Il ajoute que d’autres demandes sont à venir envers le gouvernement fédéral.

En deux semaines et demi, entre le 5 mai et le 19 mai, la pétition a récolté 900 signatures. « Je suis satisfait de l’engouement, dit René Roy. On n’avait pas visé un nombre précis de signatures. Ce qu’on s’était dit c’est que nos producteurs puissent s’exprimer. »

En plus des éleveurs de porcs de tout le Québec, la pétition est aussi ouverte à toutes les personnes touchées par la situation actuelle. « On veut aussi la faire cheminer à l’AGA des Éleveurs de porcs du Québec », ajoute René Roy. Elle fera l’objet de résolutions présentées aux membres. L’assemblée générale aura lieu les 8 et 9 juin prochains.

Depuis janvier 2023, René Roy est aussi président du Conseil canadien du porc. Il explique que tout l’Est du Canada est touché par la baisse du prix du porc. Dans l’Ouest canadien, c’est principalement l’effet de la hausse du coût des grains sur le coût de production qui influence les opérations des entreprises porcines. Les approvisionnements aux abattoirs sont stables, mais il y a quand même un effet de la baisse des coûts du porc de l’Est. « Parce que le prix de l’Est influence le prix de l’Ouest », précise René Roy.

De plus, l’annonce de Smithfield d’une diminution prochaine de 20% de sa production aux États-Unis fait aussi pression à la baisse. Ces diminutions du cheptel auront éventuellement des effets bénéfiques sur les prix des grains et de la viande, mais il y a une mauvaise période à passer.

Détournement de porcs

Le producteur de porcs Cécilien Berthiaume de la Beauce et le transporteur d’animaux vivants Sébastien Dion du Groupe Dion ont tenu une conférence de presse le 18 mai 2023 pour présenter un projet de détournement de 350 000 porcs. Initiateur du projet, Cécilien Berthiaume dit avoir l’appui de nombreux producteurs de porcs à travers la province.

Cécilien Berthiaume, Sébastien Dion, production porcine
Le producteur de porcs Cécilien Berthiaume et le transporteur d’animaux vivants Sébastien Dion ont tenu une conférence de presse. photo: Facebook/Cécilien Berthiaume

Le 17 mai dernier, Cécilien Berthiaume a fait parvenir une demande à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec de ne pas homologuer la nouvelle convention collective tant qu’elle n’aura pas entendu et pris une décision sur leur proposition. 

L’objectif est de sortir vers les États-Unis 350 000 porcs du Québec de façon temporaire, le temps que les marchés se replacent. « La production porcine est cyclique, peut-être que dans deux ans, trois ans, quatre ans, il y aura un joueur québécois qui voudra augmenter sa capacité d’abattage […]. Lorsque cette opportunité-là se présentera, il faut que les porcs soient disponibles sur le marché », a dit Sébastien Dion.

Selon Cécilien Berthiaume, ce détournement aurait un impact bénéfique de 1,4 million de dollars pour les producteurs de porcs comparativement au programme de retrait temporaire. Cette solution se veut complémentaire au programme de retrait volontaire et temporaire.

Vous pouvez signer la pétition en suivant ce lien.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.