À la ferme IRMA de Saint-Albert, au Centre-du-Québec, la pouponnière a été conçue selon le modèle de l’Université Cornell aux États-Unis. La ventilation y est à la fois poussée et aspirée. Visite des installations.

Les frères André et Urs Studhalter ont logé les veaux dans des huches. Puis, ils les ont logés dans une pouponnière avec des ballons au plafond. Mais ils n’étaient pas satisfaits. Ils ont décidé d’opter pour un système américain qu’ils avaient vu. Ils étaient encouragés par les résultats. En 2017, ils ont construit la pouponnière dans une nouvelle étable. Après quatre ans d’utilisation, ils se disent satisfaits de cette nouvelle installation. La pouponnière est prévue pour un troupeau de 300 vaches et pour loger 40 veaux. Le nombre actuellement est autour de 35.

Le concepteur de ce système, l’ingénieur Curt Gooch du programme Pro-Dairy de l’Université Cornell, au Wisconsin, explique qu’il s’agit d’un système à pression neutre. C’est-à-dire que la pression de l’air sortant égale la pression de l’air entrant. En fait, l’air est à la fois poussé à l’intérieur et aspiré vers l’extérieur. En hiver, l’air entrant est réchauffé par la biomasse et poussé par un ventilateur à l’intérieur de la pouponnière en passant par un mur troué près du plancher. S’il fait plus froid, un deuxième ventilateur au-dessus du premier démarre. Si la biomasse ne fournit pas, c’est le propane qui va prendre le relai. L’air tourbillonne dans la pièce avant de ressortir par le plancher le long du mur opposé à l’entrée d’air. C’est le principe d’extraction basse avec un ventilateur qui aspire l’air vicié qui passe dans un tuyau avant de ressortir à l’extérieur. Curt Gooch explique que l’objectif n’est pas de réchauffer l’air dans la pièce, mais plutôt d’éviter que les veaux reçoivent des courants d’air froid dans leurs narines.


En été, des ventilateurs poussent de l’air à l’intérieur de ballons bleus troués placés au-dessus des veaux. Il y en a sept sur deux rangées selon les besoins en ventilation. Curt Gooch explique qu’en été, il faut augmenter l’échange d’air parce que, puisqu’il fait plus chaud, il y a plus de gaz produits qu’il faut sortir de la pièce.

En hiver, la température se maintient à 8,5 degrés. En été, la température doit être la plus basse possible. « À partir de 17 degrés, tous les ventilateurs fonctionnent au maximum », explique Urs Studhalter. Des sondes d’humidité relative, de CO2 et de température permettent d’évaluer la qualité de l’air et de contrôler les ventilateurs. En hiver, il y a six échanges d’air par heure. L’été, c’est plus. Donc, la ventilation est forcée à 100%. « Nous contrôlons les courants d’air », explique Curt Gooch.
Une question de résultats
Le reproche entendu à propos de ce système, c’est le coût. Les frères Studhalter ont défrayé 2000$ par veau pour la partie de l’étable consacrée à la pouponnière. Pour certaines personnes, ça peut sembler beaucoup, mais pas pour les frères Studhalter. « Le coût, c’est toujours relatif. Si je sors des résultats, le coût n’a pas d’importance. Et les résultats sont là », dit Urs. Le taux de mortalité est très faible, moins de 1%. La quantité de médicaments achetée pour les veaux est aussi très faible. « C’est signe aussi que je n’ai pas de problème », dit Urs. Les vaches qui ont été élevées dans cette pouponnière sont plus costaudes. Elles dépassent les normes établies. « Ça parle en soi », dit Urs.
Pour la conception, ils ont demandé l’aide de l’ingénieur Curt Gooch. Ils ont respecté le plan à la lettre, mais ils ont dû faire des ajustements au fil des ans. Le dernier effectué a été d’augmenter le débit d’air en raison de la hauteur du plafond. C’est grâce à des tests de ventilation qu’ils s’en sont rendus compte. Ils voulaient être plus près de sept échanges d’air à l’heure que cinq. « Tout est là. Il faut de l’échange d’air pour sortir l’ammoniac », dit Urs. Chaque système doit être adapté aux réalités de l’entreprise. « Parfois, on veut des résultats tout de suite, mais nous aussi on a un apprentissage à faire. Il faut prendre le temps de se mettre dans la peau d’un veau », explique Urs.
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Un logement pour 40
Outre la ventilation, le logement pourrait ressembler à un autre logement. Durant les deux premières semaines, les veaux sont logés dans des enclos individuels. Ils sont alimentés au biberon avec du lait pasteurisé de la ferme. Ils reçoivent six litres par jour. Puis, ils sont transférés dans l’un des deux grands enclos. Ils sont nourris à la louve avec du lait pasteurisé de la ferme. Ils en reçoivent jusqu’à 11 litres par jour. Ils ont aussi accès à de la moulée à volonté. À partir de 45 jours, ils ont accès à de l’ensilage et du foin à volonté. Il y a donc un groupe de plus jeunes et un autre de plus vieux. Les veaux restent entre 65 et 75 jours dans la pouponnière, selon l’achalandage. La pouponnière est conçue pour être doublée au besoin. La section de mise bas des vaches cèderait alors sa place à une deuxième salle identique utilisant le même corridor d’accès.



Ferme IRMA
Municipalité : Saint-Albert, Centre-du-Québec.
Propriétaires : André et Urs Studhalter.
Troupeaux : 350 vaches en lactation.
Cultures : 600 hectares (maïs, soya, soya de semence, blé de printemps, seigle, foin).
Projet : construction d’une pouponnière pour 40 veaux en 2017.
Cet article a d’abord été publié dans le numéro d’octobre du magazine Le Bulletin des agriculteurs.