Avec son développement qui tarde d’au moins 1 à 2 semaines selon les régions (voir État des cultures), on doit s’attendre à ce que la récolte de maïs débute aussi avec du retard au Québec.
Par conséquent, la question se pose : « Combien nous reste-t-il de maïs de l’ancienne récolte (2022) pour répondre aux besoins des acheteurs d’ici la récolte? »
J’ai cru pendant un bon moment plus tôt cette année que nous en avions probablement encore beaucoup. Sauf que les échos que j’ai depuis deux semaines m’ont mis la puce à l’oreille. Pas tant que ça finalement…
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Pour chaque culture, il existe un moment où une simple marche dans la parcelle permet de détecter les anomalies susceptibles d’affecter le rendement et dont les symptômes peuvent s’estomper avant la récolte.
Commençons par jeter un premier coup d’œil au chiffre de Statistique Canada sur le niveau des stocks de maïs au Québec.

Comme on peut le voir, a priori, effectivement, nous avions encore en mars dernier plus de maïs que dans les dernières années, un surplus d’environ 230 000 tonnes par rapport à l’an dernier, et de 150 000 tonnes par rapport à la moyenne des 5 dernières années.
Ce rapport n’est cependant publié que trois fois par année, et nous n’avons pas encore sous la main les résultats pour les stocks en août dernier. Il faut donc se faire une idée sur ce qu’a pu être la consommation de maïs au Québec de mars à aujourd’hui.
On peut malheureusement déduire que la demande du côté animale a été moins vigoureuse cette année, spécialement en raison de la situation très difficile dans l’industrie porcine. Par contre, qu’en est-il de la demande à l’exportation?
C’est là que les chiffres m’apparaissent très intéressants. Si on se fie aux données de Statistique Canada, les exportations de maïs québécois ont été particulièrement vigoureuses cette année.

En fait, on dit qu’elles ont été 2 fois plus élevées que dans les dernières années, comme le révèle le graphique ci-joint. Mais, il y a plus.
On sait qu’en mars dernier, les stocks de maïs au Québec restaient encore un peu plus élevés qu’à la normale, malgré de fortes exportations de janvier à mars. Sauf qu’il y aura eu une 2e vague d’exportations vigoureuses par la suite, en mai et juin dernier. En fait, malgré un bon recul de mars à avril, même les exportations d’avril ont été plus élevées qu’à la normale.
Si on prend donc en compte la période d’avril à mai, on peut déduire qu’il se sera écoulé environ 130 000 tonnes de plus qu’à la normale depuis mars dernier.
Cette évaluation concorde aussi avec ce qu’on peut déduire des livraisons cumulatives de maïs diffusé par l’équipe de PGQ.

On constate une accélération des livraisons à partir de janvier à mars, pour un écart de l’ordre de 175 000 à 185 000 tonnes par rapport à la normale en mars. Si on fait le calcul ensuite d’avril à juin, l’écart gagne environ un 100 000 à 115 000 tonnes supplémentaires.
Malheureusement, nous n’avons pas encore en main beaucoup de chiffres pour les mois de juillet et août. Est-ce qu’il y a eu encore plus d’exportations? Et la demande du côté animale, avec ce qu’il se passe dans l’industrie porcine, de combien a-t-elle reculé par rapport aux dernières années finalement?
Mais toute chose étant égale, et considérant les échos que j’ai reçus dans les dernières semaines, on peut facilement déduire qu’il ne reste finalement plus tant que ça de maïs de disponible au Québec. A priori, avec les chiffres que nous avons en main, on peut même conclure que nous serions à des niveaux de stocks de maïs sous les niveaux des dernières années.

Ceci devrait bien entendu offrir des opportunités intéressantes d’ici les récoltes pour ceux qui ont encore du maïs dans leur silo. Mais avec ces niveaux de stocks plus faibles qu’à la normale pour conclure la dernière année, il sera d’autant plus important que la prochaine récolte soit bonne aussi. À défaut que ce soit le cas, le marché local du maïs risque alors de gagner davantage en fermeté pour la prochaine année.