Il pleut, il pleut bergère… rentre ton joli foin !

Publié: 18 juin 2022

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Foin brome fétuque

*Après la belle période qu’on a connue pour les semis, personne ne pensait qu’on aurait de la misère pour le reste des opérations (arrosage en post-levée, fractionnement de l’azote, première coupe, etc.).  Effectivement, entre les nombreux épisodes de pluie, c’est la course afin d’avancer et même de forcer les travaux dans les champs.  Mais peut-on s’aider quand il pleut comme ça pour faire quand même du bon foin?  Je n’ai pas de baguette magique ni de boule de cristal pour prédire l’avenir, mais il y a quelques trucs que je peux vous partager afin de minimiser l’impact de la pluie sur vos fourrages. 

Préserver la qualité malgré la météo

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Tout d’abord, je ne vous apprendrai pas grand-chose en vous disant qu’on ne peut pas se battre quand les conditions météorologiques font que le foin ne veut pas sécher ou descendre en bas de 16% d’humidité! Alors au lieu d’attendre et de perdre toute la qualité souhaitée, une des techniques de conservation proposée est l’enrobage des balles.   Pour ce faire, une humidité se situant entre 45 à 55 % doit être obtenue afin d’assurer une conservation et une fermentation adéquates.  Rappelons-nous que des balles enrobées trop humides auront tendance à geler en hiver et des balles trop sèches ne fermenteront pas bien, donc auront des pertes de matières sèches.   Un des plus gros avantages de faire des balles enrobées versus le foin sec est de diminuer la perte de feuilles et ainsi d’obtenir une meilleure qualité alimentaire. 

Vous pouvez également faucher quand c’est prêt au lieu d’attendre après plusieurs jours de beau temps.  Le stade de maturité de la plante est d’ailleurs le facteur influençant le plus la qualité du fourrage plutôt le fait qu’il pleuve sur votre foin une fois à terre. 

Il y a toujours un compromis à faire entre le maximum de rendement et une qualité optimum puisque les deux sont inversement proportionnels avec la maturité de la plante.  Cependant,  le stade début floraison, autant pour les légumineuses que les graminées, est celui recommandé pour obtenir la meilleure qualité possible.  

Un équilibre à atteindre

Avec les températures fraiches et les précipitations des dernières semaines, le stade des graminées a largement dépassé celui de la luzerne.  Avant cette première coupe, il était plus facile de s’apercevoir que les graminées perdraient de la qualité avec leur épiaison avancée mais que la luzerne compenserait puisque son stade était seulement au début bouton. 

Cependant, lorsque la deuxième coupe arrivera et que plusieurs graminées n’épieront plus puisqu’elles ne sont pas remontantes (épient seulement une fois), on se demande souvent pourquoi la qualité n’est pas au rendez-vous. 

Et bien, il est encore question ici du stade de maturité ; ce n’est pas parce que les bromes, la fétuque élevée et le dactyle par exemple,  qui ne sont pas des espèces remontantes (contrairement à la fléole et à la luzerne) qu’on peut attendre plus longtemps avant de faucher sans perdre de qualité!  Ces espèces non remontantes maturent quand même, elles ne vous le montrent simplement pas!   

Une bonne méthode consiste à se fier au nombre de degré jours. Par exemple, les références du cumul des degrés-jours (sur base 5oC) indiquent qu’habituellement, la période optimale de fauche se situe généralement à plus ou moins 300 degrés-jours pour certains cultivars de fléole (mil), mais peut être aussi tôt que 250 degrés-jours pour le dactyle.  Pour plus de détails, vous pouvez également consulter le site d’agrométéo pour l’indice d’assèchement ( https://www.agrometeo.org/indices/springCutMeteograms).

L’acide propionique

Si nous revenons à notre foin qui n’est pas assez sec pour faire du sec mais trop sec pour faire de l’ensilage, un autre truc pour bien réussir pourrait être l’utilisation d’acide propionique.  L’ajouter au foin humide empêchera la croissance de moisissures qui entraîneraient des pertes de chauffage et de qualité d’alimentation. C’est un moyen de donner à la balle le temps de sécher naturellement jusqu’à un niveau de conservation adéquat. La solution d’acide propionique est pulvérisée sur le fourrage andainé lorsqu’il pénètre dans la presse à balles. La quantité nécessaire dépend du niveau d’humidité du foin. Plus l’humidité de la balle est élevée, plus il faudra d’acide.  Utiliser de l’acide propionique tamponné afin qu’il soit le moins corrosif possible s’avère également un choix très judicieux. 

Référence : If the rain won’t go away, you still have options when haying, Alberta agriculture and forestry, July 29, 2016

*Texte réalisé en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères. Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.