Les États-Unis imposent le pays d’origine sur la viande

Le Canada se dit déçu de la décision de Washington et indique suivre la situation

Publié: 12 mars 2024

Le pont Ambassadeur qui joint Windsor et Detroit, considéré comme le principal point de commerce entre le Canada et les États-Unis.

L’administration de Joe Biden a mis le point final le 11 mars à une règle exigeant que la viande, la volaille ou les œufs étiquetés comme un produit américain proviennent d’animaux nés, élevés, abattus et transformés dans le pays. La décision est bien vue aux États-Unis, mais suscite de l’inquiétude de la part des producteurs canadiens qui s’inquiètent des conséquences sur la chaîne d’approvisionnement.

Proposée en mars dernier, la règle est considérée comme une victoire pour les éleveurs américains. Ces derniers affirmaient depuis des années que l’utilisation du label volontaire par les entreprises qui élevaient des animaux à l’étranger et ne les abattaient ou ne les transformaient qu’aux États-Unis était trompeuse et désavantageait les producteurs nationaux.

« Cette règle finale garantira que lorsque les consommateurs verront « Produit des États-Unis », ils pourront avoir confiance en l’authenticité de cette étiquette et savoir que chaque étape impliquée, de la naissance à la transformation, a été effectuée ici en Amérique », a déclaré le secrétaire à l’Agriculture, Tom Vilsack, dans un communiqué.

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« L’abus du label « Produit des États-Unis » a privé les producteurs de bétail américains d’une opportunité vitale de commercialiser leur bœuf américain tout en refusant aux consommateurs la possibilité de les soutenir », a déclaré Joe Maxwell, co-fondateur du groupe agricole Farm Action, dans un communiqué.

Les producteurs utilisant les labels « Product of USA » ou « Made in the USA » devront se conformer à la règle d’ici le 1er janvier 2026.

Le gouvernement canadien a répondu aussitôt à la nouvelle. Autant la ministre du Commerce que le ministre de l’Agriculture et Agroalimentaire se sont dits préoccupés par ce qu’ils identifient comme une mesure susceptible de perturber les chaînes d’approvisionnement de la viande et du bétail en Amérique du Nord qui sont fortement intégrées. « Nous sommes déçus que la règle finale ne semble pas tenir compte des préoccupations que nous avons continuellement exprimées concernant notre relation commerciale importante et unique », ont-ils indiqué par communiqué.

Le gouvernement a rappelé que les deux pays travaillent en collaboration et que la relation actuelle permet à tous les intervenants et aux consommateurs des produits de qualité un approvisionnement fiable. La règle sera examinée pour voir son incidence et sa mise en œuvre, surtout « à la lumière des obligations des États-Unis en matière de commerce international, afin de garantir que notre secteur de la viande puisse continuer à bénéficier d’un accès prévisible et sans entrave au marché des États-Unis ».

Le sujet sera d’ailleurs soulevé lors de la réunion trilatérale avec les ministres de l’agriculture des États-Unis et du Mexique qui doit se tenir au Colorado fin mars.

Dans un mémoire présenté lors de consultations sur les règles américaines d’étiquetage du pays d’origine, le gouvernement canadien a déclaré que l’étiquetage du pays d’origine irait à l’encontre des objectifs communs de réduction de l’inflation, d’amélioration de la sécurité alimentaire et de construction de chaînes d’approvisionnement résilientes.

Le Canada a fait valoir que les chaînes d’approvisionnement opérant selon les règles proposées devront séparer les animaux et les produits canadiens et américains. Cela serait coûteux et inefficace et découragerait les entreprises d’utiliser des intrants canadiens.

Une logique similaire a conduit à la chute du prédécesseur obligatoire de vCOOL, invalidé en 2015 à la suite d’une contestation de l’Organisation mondiale du commerce qui a tranché en faveur des plaignants, le Canada et le Mexique.

La nouvelle règle proposée pourrait également nuire aux producteurs américains, a déclaré le gouvernement canadien. Le secteur canadien de la viande s’inquiète, pour sa part, du changement dans les pratiques d’étiquetage qui pourrait avoir lieu sur les exportations de viande et d’animaux vivants vers les États-Unis.

« Par exemple, ces dernières années, il y a eu une augmentation des exportations de bovins vivants des États-Unis vers le Canada en raison de l’expansion de la capacité des parcs d’engraissement au Canada, de volumes de transformation plus élevés et d’une forte demande de bœuf », indique le document.

« En vertu de la nouvelle règle proposée, si un éleveur américain envoie un animal dans un parc d’engraissement canadien, en raison de sa disponibilité, de sa proximité ou de considérations économiques, et qu’il le renvoie ensuite aux États-Unis pour l’abattage et la transformation, ce produit ne serait plus autorisé à entrer et à porter la mention « Produit des États-Unis » ».

Source: avec l’aide d’un texte de Canadian Cattlemen

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