Comprendre la vache pour mieux réussir au robot de traite

La robotique est un système de traite différent des autres

Ferme GPL

La robotique est le seul système de traite dans lequel on demande aux vaches d’aller se faire traire par elles-mêmes. Il faut donc qu’elles aient les conditions optimales pour maximiser le nombre de traites par jour, mais aussi minimiser les intervalles de traite.

« On veut des traites, mais on veut de la régularité », expliquait l’agronome Philippe Couture, expert en traite robotisée des vaches laitières chez Sollio Agriculture lors d’une conférence intitulée Comprendre la vache, la base du succès en robotique lors du Rendez-vous laitier AQINAC le 20 mars 2024 à Drummondville.

Pour cela, il faut être routinier parce que des vaches, c’est routinier. La vache doit pouvoir aller au robot quand elle veut y aller. Pour cela, il faut qu’elle ait une bonne expérience au robot.

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Alimentation et temps de repos

L’alimentation est un élément important dans cette routine. Elle doit avoir accès à la nourriture lorsqu’elle veut manger. Il faut donc éviter de se retrouver avec une mangeoire vide. Le repousse-fourrage est aussi un bon allié pour s’assurer que la nourriture soit accessible aux vaches qui veulent manger.

Cette accessibilité à la mangeoire est aussi importante parce qu’on ne veut pas que les vaches s’y retrouvent toutes en même temps. Cela pourrait vouloir dire que les vaches se retrouveraient toutes au robot en même temps, ce qui n’est pas possible. Des vaches qui attendent au robot sont des vaches qui ne se couchent pas pour ruminer et c’est lorsqu’elle est couchée que la vache produit son lait.

Attention aux boiteries

Puisque les vaches vont se faire traire par elles-mêmes, elles doivent avoir des pieds et membres en santé. Plusieurs causes sont responsables des boiteries : problèmes de parages, trop de temps passé debout, stalles non appropriées, périodes de repos insuffisantes, accès limité aux mangeoires, plancher trop abrasif, alimentation, désordre métabolique après le vêlage, stresse thermique, mauvaise période de transition et causes infectieuses.

La prévention des boiteries passe par des bains de pied et un bon parage. La détection et le traitement curatif est aussi important. On demande aux vaches au robot qu’elles soient des « vaches de course », il faut donc les traiter en conséquence.

Primipares

L’apprentissage des vaches en première lactation, les primipares, est très important. Dans un projet de recherche, un robot d’entrainement en période de préparation au vêlage pour les primipares a démontré que les vaches produisaient 0,37 traites de plus. On avait aussi moins besoin de les pousser au robot. Ce robot « fantôme » donnait de la moulée et faisait passer le bras sous la vache sans la traire.

Une autre étude a placé les vaches primipares dans l’arrière-robot et les faisait passer au robot deux fois par jour, avec une récompense. Après le vêlage, les vaches entraînées produisaient une traite de plus par jour et produisaient jusqu’à deux kilogrammes par jour.

Les vaches en première lactation ont aussi tendance à bloquer davantage la sortie du robot que les multipares. Une primipare qui serait victime d’intimidation par une autre vache pourrait aussi voir son expérience au robot hypothéquée pour la vie. C’est pour ces raisons qu’il est bon de séparer les primipares des autres vaches lorsque c’est possible.

Transition

Après le vêlage, il faut que la vache soit prête à rejoindre le groupe. Philippe Couture met en garde contre le surpeuplement en période de transition. Lorsqu’on construit l’étable, il y a suffisamment d’espace, mais après quelques années, ce n’est peut-être pas le cas.

Philippe Couture demande de vérifier également l’espace à la mangeoire, l’espace pour l’eau, le contrôle de l’état de chair, le stress thermique et l’équilibre de la ration.

L’agronome met aussi en garde contre les changements de groupes, car les vaches ont des amies pour la vie. Il faut minimiser ces changements pour éviter le stress chez les vaches et optimiser l’expérience des vaches.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.