Un après avoir dévoilé un sondage illustrant la situation difficile des agriculteurs québécois, l’Union des producteurs agricoles (UPA) récidive avec un nouveau coup de sonde montrant une détérioration financière des fermes au Québec.
La santé financière des entreprises agricoles s’est détériorée avec 28% des répondants indiquant que leur situation était mauvaise ou très mauvaise, en hausse en comparaison avec les 19% ayant répondu par l’affirmative à la question. L’horizon ne semble guère être plus prometteur puisque 66% jugent que leur situation va se détériorer légèrement ou grandement d’ici trois ans, un pourcentage qui se situait à 49% l’an dernier.
Parmi les chiffres récoltés, 42 % des entreprises affiche un solde résiduel négatif, en augmentation par rapport aux 34 % en 2023. Du nombre, 52 % d’entre elles sont à risque de ne pas respecter leurs obligations financières, comparativement à 41 % l’an dernier. Les gens de la relève sont particulièrement affectés alors que 67% disent se trouver dans cette situation.
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Lors du sondage de 2023, une entreprise sur dix songeait à mettre la clef sous la porte. Le chiffre grimpe légèrement cette année à 11%. Le sondage a été mené le mois dernier auprès de 3552 producteurs.
L’UPA et plusieurs organisations ont dévoilé le résultat du sondage lors d’une Rencontre provinciale sur la mobilisation et la crise en agriculture se déroulant à Québec, afin de démontrer « la précarité de milliers d’entreprises agricoles et l’avancement des discussions à cet égard avec le gouvernement du Québec », peut-on lire dans le communiqué de presse. « Les résultats du sondage que nous dévoilons aujourd’hui confirment que les interventions du gouvernement, jusqu’à maintenant, n’ont pas permis d’atténuer la crise. La situation se dégrade et l’urgence d’agir n’a jamais été aussi grande », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.
Malgré de nombreuses discussions ayant eu lieu entre le MAPAQ et différentes organisations agricoles, ces dernières ont dénoncé l’absence d’annonces ayant soutenu efficacement les entreprises agricoles face aux nombreux défis qu’elles rencontrent. Le message a été repris à la fois par la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ), l’Association des producteurs maraichers du Québec (APMQ), le Réseau des fermes de proximité et les Éleveurs de porcs du Québec. Des représentants de chacun se sont présentés au micro lors du dévoilement du résultat du sondage pour illustrer la crise qu’ils vivent respectivement, que ce soit par des gens de la relève qui abandonnent, la nécessité de travailler à l’extérieur pour subvenir aux besoins de la famille, ou encore l’abondance de réglementation qui nuit au travail. Catherine Lefebvre, présidente de l’APMQ, a déclaré que les maraîchers consacraient 254 heures par année à la paperasse.
La situation est pourtant urgente, presse Martin Caron. La hausse des taux d’intérêt et l’inflation ont grugé la rentabilité des entreprises qui devrait chuter encore davantage en 2024 avec une baisse de près de 87%, selon Agriculture et Agroalimentaire Canada. L’UPA demande donc une réponse urgente face à la crise qui se détaille par de nombreuses demandes :
- un rehaussement significatif des budgets, du soutien, de l’accompagnement, des mesures et des programmes destinés aux productrices et producteurs;
- la mise en place d’un bouclier financier agricole pour contrer la flambée des taux d’intérêt;
- une réponse adéquate aux attentes du secteur horticole et des productrices et producteurs d’Abitibi-Témiscamingue (foin), en raison des événements météorologiques extrêmes de 2023;
- une actualisation importante des programmes d’aide à la relève et des règles fiscales;
- un vaste chantier sur l’ensemble des programmes de gestion des risques de l’entreprise;
- une réglementation environnementale raisonnée qui respecte le rythme d’adaptation des entreprises agricoles.
Interrogé à savoir si le ministre du MAPAQ, André Lamontagne, était encore le bon interlocuteur, Martin Caron a répondu avoir toujours eu l’écoute du ministre, mais que la discussion se déroulait en ce moment au-delà de ce dernier. « On s’adresse maintenant au gouvernement. Il est temps de voir l’agriculture non comme une dépense, mais comme un investissement. »
Une rencontre est prévue au début juin avec le premier ministre François Legault. Ce dernier a exhorté les Québécois à encourager les producteurs locaux durant la pandémie, tout en reconnaissant dernièrement que le secteur agricole traversait une crise, a rappelé Martin Caron. L’UPA et les différentes organisations ont dit s’attendre à un geste concret de la part de François Legault lors de cette rencontre, en plus de reconnaître l’importance du secteur agricole québécois par un engagement à long terme envers ce dernier.
L’UPA a fait de nombreuses démarches pour solliciter des changements dans l’aide gouvernementale depuis un an. Le secteur a aussi organisé ce printemps 17 manifestations qui ont réunis 4500 participants, rapporte le syndicat.