Aventurière et curieuse, notre collaboratrice Julie Roy s’est rendue en Irlande pour découvrir ce que le pays recèle comme paysages bucoliques et attraits agrotouristiques. Photoreportage.

Nichée entre des paysages accidentés et des paysages côtiers, l’Irlande offre non seulement une vue sur des paysages époustouflants, mais est aussi un bastion de traditions agricoles qui remontent à plus de 6000 ans. Ses vastes pâturages verdoyants favorisent l’élevage bovin et ovin. L’élevage de moutons de montagne y a d’ailleurs joué un rôle essentiel dans le soutien des communautés rurales pendant des siècles.

Site naturel irlandais le plus visité du pays avec 1 million et demi de visiteurs par an, les falaises de Moher s’élèvent jusqu’à 214 mètres au-dessus de l’océan Atlantique sur une longueur de huit kilomètres.

Fait surprenant, à deux pas des falaises Moher, on retrouve une ferme bovine de 40 hectares appartenant à Pet Sweeney. L’élevage bovin est d’ailleurs une activité agricole incontournable au pays avec 6,7 millions de tête. En tout, lors du dernier recensement, on dénombrait 135 000 exploitations toutes productions confondues dans le pays.

L’Irlande abrite environ 3,7 millions de moutons, répartis dans 34 519 troupeaux actifs enregistrés. Parmi eux, une proportion importante de moutons se trouve dans les comtés de l’ouest, où l’élevage en montagne est le plus répandu. Un chiffre considérable compte tenu de la taille relativement petite du pays et de sa population de 5,13 millions d’habitants.

La Ferme Cullen’s Hill Sheep Farm Glendalough est la quatrième génération d’éleveurs de moutons. Quotidiennement, l’entreprise reçoit des visiteurs afin d’expliquer les rouages de l’élevage ovin en montagne et de présenter des essais avec un chien de berger rassemblant les moutons. Afin de bien reconnaître ses animaux, Richard Cullen, le propriétaire de l’entreprise, marque ses moutons d’un C vert indélébile, couleur qui est enlevée après chaque tonte.

L’un des aspects les plus fascinants de l’élevage ovin en Irlande est le concept de «terrains communs». Il existe aujourd’hui environ 4500 terrains communs dans toute l’Irlande. Ces terres couvrent environ 426 000 hectares. Ces terres communales sont des pâturages partagés où plusieurs agriculteurs détiennent des droits de pâturage, une pratique ancrée dans d’anciennes traditions communautaires. La gestion de la propriété communautaire sur les terres communales peut poser certains défis, tels que l’aménagement du territoire, la conservation et l’équilibre des intérêts, mais les avantages l’emportent largement sur les problèmes.

Le chien de berger fait partie intégrante de la culture agricole. Sa valeur est inestimable lorsqu’il s’agit de déplacer ou de diriger les moutons et le bétail à travers le vaste paysage rocheux. Rob est l’un des cinq chiens berger de la Ferme Cullen’s Hill Sheep Farm. Richard Cullen explique qu’il a dressé l’animal afin qu’il réponde à une douzaine de directives différentes. Chacune d’elle est dictée avec un sifflement différent. Les moutons obéissent facilement au chien. Il suffit qu’il rampe comme un prédateur et qu’il ait le regard fixé sur eux pour les faire bouger. Ces derniers en ont peur puisqu’ils le confondent avec un prédateur. Pour les vaches ou les bovins, il faut toutefois que le chien mordille sans quoi, elles ne bougent pas.

Preuve de l’importance de la discipline, tous les ans, l’Irlande organise des épreuves nationales de chiens de berger. Le border collie est souvent le choix de prédilection des éleveurs comme Richard Cullen. Selon ses dires, cette race serait la plus intelligente et celle la plus en mesure de reconnaître les signaux de directives. Le type de territoire est l’autre élément qui explique ce choix. Maniable et léger, le collie a moins mal aux pattes lorsqu’il court sur la pierre.

La ferme offre une expérience interactive où les touristes peuvent en apprendre davantage sur l’élevage ovin. C’est aussi une occasion d’avoir la chance pour une rare fois de prendre dans ses bras un petit mouton.

L’industrie ovine irlandaise est fortement orientée vers l’exportation de la viande, la majorité étant destinée à la France, à la Belgique et à l’Allemagne. La laine était une industrie importante en Irlande jusqu’au 20e siècle. Aujourd’hui, elle n’est plus qu’un sous-produit. L’effondrement du marché de la laine a fait en sorte que la tonte des moutons représente un coût plutôt qu’un gain pour les éleveurs. Il en coûte 8 € (12 $) pour la tonte d’une toison de 3 kg dans une ferme, ce qui coûte aux agriculteurs irlandais plus de 21 millions d’euros (31,5 millions $) par an.

La Ferme Cullen’s Hill Sheep Farm est située à 20 minutes du parc national de Wicklow, de la cascade de Glenmacnass et du col de Sally Gap. Avec ses 205 km², Wicklow est l’un des plus grands parcs nationaux du pays.

Des sentiers bien entretenus côtoient le monde agricole en Irlande. Ils offrent une vue imprenable sur les montagnes de Wicklow. Ici, cette beauté naturelle dans toute sa splendeur.
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