Force est de constater qu’il y a encore beaucoup à faire pour améliorer la perception des urbains envers le milieu agricole.
par Marie-Claude Poulin, rédactrice en chef adjointe
Le mois dernier, j’ai eu la chance d’assister à la soirée de l’Ordre national du mérite agricole, l’un des concours les plus prestigieux dans le domaine. D’ailleurs, on vous présente les lauréats de cette soirée aux pages 16 et 17 du magazine.
Le concours s’adressait cette fois-ci aux producteurs de la Montérégie. L’excellence et l’innovation en agriculture étaient au rendez-vous. Les entreprises en nomination témoignaient également de la diversité de la production agricole d’ici. Il faut dire que cette région compte des producteurs maraîchers, des éleveurs laitiers et porcins, des vignerons, des pomiculteurs, des serriculteurs, des producteurs de plants de fraises et même de graines germées !
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Vendre ou attendre d’autres sommets? Plusieurs personnes se pose la question présentement. Il y a matière à réflexion surtout que j’ai reçu une alerte d’un courtier américain disant que les astres étaient moins bien alignés pour le marché du maïs.
Ce que j’ai vu et entendu lors de cette soirée contrastait malheureusement avec ce qu’on entend trop souvent en ville : que l’agriculture québécoise est polluante, qu’elle est centrée essentiellement autour de la culture du maïs et de l’élevage porcin, etc. Depuis que j’ai quitté ma Beauce natale, il y a plusieurs années déjà, je côtoie des urbains au quotidien. Force est de constater qu’ils entretiennent plusieurs préjugés envers l’agriculture. Nombre d’entre eux ont une image plutôt négative du milieu ou encore très bucolique.
Il est vrai que les productions de créneaux ont très bonne presse. On ne peut que se réjouir de la multiplication des émissions de télévision traitant de la cuisine et de la santé qui montrent amplement cette facette de l’agriculture, celle qui produit, mais aussi qui transforme et met en marché des produits de niche. Celle qui crée de nouvelles saveurs et qui réinvente nos classiques.
Plusieurs chefs utilisant des produits du terroir dans leur cuisine ont littéralement été élevés au rang de vedettes. Leurs livres de recettes se vendent comme des petits pains chauds. Certains sont des best-sellers, ce qui est un véritable exploit dans un marché du livre aussi petit que celui du Québec. Toute cette attention médiatique donne un fier coup de main à ces productions.
Mais qu’en est-il de l’agriculture de masse, celle que la majorité des Québécois consomment ? Celle-là ne récolte pas autant d’attention et d’appui, ni de la population, ni des médias. Pourquoi un secteur économique de la société aussi essentiel reçoit-il aussi peu de support ?
Il est vrai que les gens en ville ont, en général, une connaissance partielle de la réalité sur le plancher des vaches. Ce manque de connaissances les place dans un état de vulnérabilité face à tout ce qu’ils entendent autour d’eux. Les meilleurs communicateurs de cette réalité, les producteurs, ont une trop petite voix dans cet univers médiatique. Il faudrait que cette voix s’élève davantage pour mettre les pendules à l’heure.
Enfin, les Québécois doivent se faire une fierté notamment de nos fromages fins et de nos alcools du terroir. Ils sont la preuve de notre savoir-faire, de notre créativité en plus d’être d’excellents ambassadeurs à l’étranger. Mais ils ne doivent pas oublier ceux qui font leur pain et leur lait quotidiens !