Le printemps a enfin décollé et les semis vont bon train. Le verdissement des luzernières est aussi remarquable. En général, très peu de dommages ont été remarqués. En effet, quelques cas de ressemis dans le sud ouest de Montréal (région de Napierville en autres) dans des prairies de 2 ou 3 ans de production et quelques cas dans les Bois-Francs ont été rapportés, mais vraiment rien de généralisé pour la survie 2015.
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Une observation en marchant les champs pour évaluer la population de luzerne est toutefois frappante ce printemps; la longueur des résidus de luzerne de la dernière coupe laissée au champ l’automne passé (voir photos).
En pratique, laisser notre dernière coupe au champ lorsqu’on n’en a pas besoin procure de meilleures chances de survie pour les luzernes. Mais quelle pratique est la meilleure? Nettoyer le champ au printemps pour que les jeunes pousses voient la lumière et ne pas affecter ainsi la qualité de la première coupe ou, il est inutile d’agir?
Le Conseil des plantes fourragères de Columbia (USA) a mené une étude dans laquelle 20 variétés de luzerne ont été plantées. Après la deuxième année, la moitié de chaque parcelle a été fauchée à l’automne, laissant la croissance de l’automne sur l’autre moitié. Au printemps de 1990, ils ont coupé les fourrages sur quatre variétés et envoyé les échantillons, où le résidu de la nouvelle croissance a été séparé à la main de la nouvelle pousse (voir tableau).
La qualité de la nouvelle croissance, les résidus et le fourrage récolté (nouvelle croissance avec des résidus) est présenté. Notez que le résidu représentait seulement 6,5% du fourrage récolté quand il y a eu environ 1 tonne de matière sèche de fourrage laissé sur le champ de l’automne précédent. Cette quantité de résidu réduit la protéine brute de 0,7% et a augmenté l’ADF de 1,6% et la NDF de 1,9%.
Bref, s’il y a beaucoup de résidus d’automne et qu’ils ne sont pas emmêlés par la neige pendant l’hiver, une réduction de la qualité au printemps suivant est fort probable. La première coupe se fera également plus tôt si les résidus sont enlevés puisque les jeunes plants pourront plus profiter du soleil et de la lumière.
Si cela est une préoccupation pour vous, les résidus peuvent être fauchés ou encore mieux « choppés » lorsque le sol est encore gelé ou avant que la repousse commence. Tout autre équipement que vous possédez et pouvant atteindre le même objectif pourrait être utilisé. Toutefois, cela peut être un défi car il ne faut pas endommager la couronne. Et surtout, il faut garder en tête que toute augmentation de qualité du fourrage doit payer pour l’opération effectuée au champ!
Texte rédigé par Brigitte Lapierre, agronome à la Coop fédérée et réalisé en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF)